Mauvaises odeurs, morceaux de plastique sortant de la terre, fissures... les propriétaires de quatre maisons d'un lotissement de Sillingy ont du mal à avaler la nouvelle: les villas ont été construites sur une décharge!
Ce sont de jolies petites villas construites en 2005, route de la petite Balme, à Sillingy. Dans les papiers remis par le notaire, les acheteurs ont bien lu qu'elles avaient été bâties sur un remblai, mais de là à imaginer qu'il s'agissait d'un tas de déchets! Ce sont des fissures, quelques années plus tard, qui ont mis les habitants sur cette piste. Certaines villas avaient tendance à s'enfoncer. Des études ont donc été lancées en vue de renforcer l'assise. Et, surprise, un sondage du site a révélé que le terrain était un vrai tas de déchets en décomposition. Dans le village, les langues ont fini par se délier: le petit lotissement a bien été construit sur une décharge, les ordures venaient d'Annecy.
Aujourd'hui, la procédure judiciaire a débuté pour savoir qui de la mairie, du constructeur, du lotisseur ou du géologue est responsable dans cette affaire. La nouvelle municipalité en place promet de tout mettre en oeuvre pour faire la lumière sur le périmètre concerné (lire ci-dessous).
En attendant, les habitants ne sont pas rassurés, particulièrement pour leur santé. Les enfants sont privés de sortie dans les jardins et les potagers sont laissés à l'abandon jusqu'à nouvel ordre. Quant à la piscine creusée par l'un des propriétaires, elle a dû être rebouchée pour une question de sécurité évidente.
Reportage Nathalie Rapuc et Christian Mathieu
Intervenants : Katia Hardial, propriétaire; Salvator Augello, propriétaire
L'explication de la mairie
Dans un communiqué, la municipalité, qui n'a pu recevoir une équipe de France 3 Alpes, a tenu à rappeler l'historique des faits:
"Dans les années 60 et 70, des extractions de sable et graviers par des entreprises ont eu lieu en différents endroits au pied de la Mandallaz sur des terrains privés. Sur le secteur de la Corbette qui nous préoccupe aujourd’hui, aux mêmes époques, le remblayage de ces excavations a été effectué en partie avec des résidus de déchets ménagers provenant de l’usine du SICRLA (Syndicat Intercommunal Des Communes Riveraines du Lac d’Annecy). Ces dépôts ont fait l’objet d’une autorisation préfectorale. Le périmètre précis et la profondeur de ces dépôts ne sont pas clairement connus à ce jour.
En 2004 et 2005, conformément aux documents d’urbanisme en vigueur, des autorisations de permis de lotir puis de construire ont été délivrées pour des terrains dans la zone de la Corbette.
Suite aux fissures découvertes sur leurs maisons, deux familles ont entamé en 2012 et 2013 des procédures judiciaires à l’encontre de différents acteurs (constructeurs, lotisseur, bureau d’étude de sol, commune etc.). La semaine dernière, une nouvelle famille nous a alertés sur le fait qu’elle subit également des désordres.
Des experts judiciaires ont été désignés par le tribunal et ont pour mission d’établir des diagnostics et de proposer des solutions adaptées. La commune, quoique appelée tardivement aux opérations d’expertise dans une des affaires, est particulièrement attentive à leur déroulement et a manifesté auprès des experts sa totale collaboration. Ces expertises longues et complexes sont en cours aujourd’hui. La commune comme les services de l’Etat attendent les résultats."
L'Agence Régionale de Santé a toutefois fait savoir que la santé des habitants n’était pas en danger à court terme et qu’il n’était pas nécessaire de procéder à une évacuation.