Marc Serratrice, 92 ans, continue de transmettre son expérience du Maquis du Vercors, 70 ans après les batailles qui frappèrent ce haut lieu de résistance pendant la Seconde Guerre Mondiale. Interview.
Mai 1943, Marc Serratrice, 21 ans, est réquisitionné par le STO, le Service de travail obligatoire allemand, mais il refuse de se soumettre. Obligé d'entrer dans la clandestinité, il contacte le mouvement de résistance Francs-Tireur qui lui propose de le cacher dans l'un de ses camps, au sein du Maquis du Vercors. En contrepartie, il doit prendre les armes.
Interview de Nathalie Rapuc et Dominique Bourget
Arrivé dans une bergerie "délabrée, triste comme tout", Marc Serratrice commence une nouvelle vie avec ses camarades qui, au fil des mois, vont devenir "ses frères". Levés à 7 heures tous les matins, les maquisards commencent leur journée par une séance de "décrassage", footing, exercices physiques. Puis, après un petit déjeuner "frugal, comme tous les Français", vient le moment des corvées: approvisionnement en bois, en eau, nettoyage des chambrées; le planning est organisé. L'après-midi se poursuit par des exercices sur le terrain et des loisirs. "Les jours d'orage, c'était la grogne, se rappelle l'ancien maquisard. Bloqués sur notre couchette, on devait se relever la nuit pour vider les casseroles recueillant l'eau des gouttières. On prenait vraiment conscience de la précarité de notre situation."
Les mois défilent, jusqu'au jour où le signal est donné. Les différents camps de maquisards doivent bloquer tous les accès au Vercors, afin de créer une citadelle imprenable, permettant au troupes américaines aéroportées d'atterrir en sûreté.
Les batailles dans le Vercors débutent en janvier 1944 mais menacent réellement le maquis le 13 et 15 juin 1944. Malgré les 3000 volontaires qui rejoignent les maquisards, les forces allemandes sont trop importantes. Les maquisards n'ont d'autres choix que de se replier.
Depuis une dizaine d'années, Marc Serratrice raconte son histoire dans les classes de CM2. "Je suis étonné de tout ce qu'ils en retirent. Ils comprennent qu'à notre âge, on voulait s'engager pour une cause. Ce sont ces valeurs de solidarité, mais surtout de liberté que je souhaite transmettre avant tout."