Appels à la démission du coach, tristesse pour le capitaine qui jouait son dernier match... La patinoire Pôle Sud a fini la soirée totalement sonnée. Pour Grenoble, l'élimination au premier tour des play-offs est une humiliation. Reste à espérer qu'elle sera salvatrice. Une réaction est attendue!
Saison pourrie. Sortie honteuse. Et appels à la démission du coach. Sitôt le coup de sifflet final, les remarques acerbes se sont propagées sur les réseaux sociaux après l'élimination de Grenoble dès le premier tour des play-offs. Un concert de reproches orchestré par des supporters déçus voire dégoûtés. Mais le pire, c'est qu'il est bien difficile de ne pas leur donner raison... Voici pourquoi.
Une saison régulière... bien trop irrégulière!
A la reprise du championnat, le staff clamait haut et fort son intention de "conquérir le titre cette saison où la prochaine". Il faudra repasser. Pourtant, les premiers matchs laissaient espérer une concrétisation de la prophétie. Les Brûleurs de Loups, solides en début de saison, enchaînent les victoires. Accumulent les points. Et caracolent en tête du championnat aux côtés de Rouen.Puis la première défaite est arrivée. Et avec elle, un automne meurtrier. En novembre et décembre, les BDL enchaînent les défaites et multiplient les faux pas : jusqu'à dix matchs consécutifs sans victoire. Du jamais vu dans l'histoire du club.
Une mauvaise série jamais expliquée, jamais comprise. Certains pointent alors la préparation estivale, trop intense. D'autres ciblent déjà l'entraîneur et ses choix tactiques aussi mouvants qu'étonnants. Et même à la nouvelle année, quand Grenoble se remet à gagner, les doutes demeurent. Comment une équipe capable de battre aux forceps les redoutables Dragons de Rouen peut-elle dans le même temps s'incliner piteusement face à Brest, alors dans les profondeurs du classement?
Voilà sans doute le premier mystère à résoudre pour le staff isérois. Un début de réponse est à chercher du côté de l'entraîneur plus décrié que jamais. Une première réunion de crise a lieu toute la journée dans le vestiaire des BDL. La présidente promet une restructuration du volet sportif sans pour autant menacer directement l'entraîneur.
Un coach décrié, contesté et désormais indésirable
Depuis l'arrivée de Jean-François Dufour en 2010, Grenoble n'a rien gagné. Une disette décevante et anormale pour un club "pilier" du hockey français et qui possède le deuxième budget du championnat.A son crédit, Jean-François Dufour n'a qu'une finale perdue face à Rouen en 2012. Rien d'autre. Beaucoup, dans les gradins comme dans les coulisses, lui reprochent son inconstance. L'homme serait incapable d'établir un schéma de jeu et de s'y tenir. Toujours tenté par des changements, il provoquerait chez ses joueurs une incertitude pesante à la longue.
Car à force de modifier ses lignes, Jean-François Dufour empêcherait ses joueurs de développer des habitudes de jeu. Des réflexes nécessaires pour briller sur la glace. Comment expliquer également cette inefficacité flagrante lors des phases de supériorités numériques? Ou encore ces tirs à répétition devant les cages ennemies? Des tirs bien trop rarement transformés en buts...
Pourtant, depuis le début, le Canadien a le soutien de sa direction. A commencer par celui de la présidente, Stéphanie Carrel-Magnan, qui lui a toujours renouvelé sa confiance même dans les heures les plus sombres.
Mais au delà de l'entraîneur, sur Facebook comme sur Twitter, certains réclament aussi désormais la tête du manager du club. Un coup de balai semble donc désormais inévitable sous peine de fâcher pour de bon le public qui a déjà commencer à se faire plus rare à la patinoire.
Sur le papier, une équipe de rêve
Malgré la contre-performance presque historique du club, les joueurs ne semblent pas vraiment en cause. Et c'est presque un paradoxe. Il faut dire que cette année, le banc grenoblois avait vraiment fière allure. Des recrues pleines de talents et des locaux confirmés et aguerris : le cocktail avait tout pour faire des étincelles. Alors, au final, les chiffres font mal. Au classement des meilleurs "pointeurs" de la saison (cumul des buts et des assistances, les passes décisives au hockey), il faut descendre en 40e position pour trouver le premier grenoblois. Il s'agit de Félix Petit. Le jeune homme, Canadien d'origine, faisait figure de grand espoir de l'attaque iséroise.
Pareil pour Francis Charland, meilleur pointeur l'an dernier avec Chamonix. Cette année, il se classe 47e. Même Yorick Treille, international français et recrue vedette de la saison, n'a pas fait de miracle. Il est 53e.
La baisse de régime est encore plus flagrante chez les Grenoblois "historiques". Le premier d'entre eux, le capitaine Baptiste Amar, n'est que 73e et ce, alors même qu'il joue théoriquement en défense et non en attaque. Il est suivi de Joris Bedin... 113e au classement! Une hécatombe!
Difficile pour autant de rejeter la faute sur eux. Un bon joueur ne devient pas mauvais en une saison. Surtout quand, de l'avis général, l'ambiance dans le vestiaire est bonne. Là encore, le coach et le manager ne sont sans doute pas étrangers à la situation...
Seule consolation, le jeune gardien Antoine Bonvalot. D'abord back-up, il est devenu portier titulaire en cours de saison. La vingtaine à peine, il se classe déjà quatrième meilleur gardien de la Magnus. De quoi nourrir bien des regrets : avec une défense plus organisée, il aurait sans doute pu accomplir de vrais miracles!
Bilan noir, perspectives bien grises
Des constats et des regrets pour une nouvelle saison blanche. Depuis 2009, Grenoble n'a plus remporté le moindre grand titre. En 2010, le club avait déjà été sorti au premier tour des play-offs. Mais il était alors en pleine reconstruction après de graves problèmes financiers.Depuis, la situation s'est améliorée. Officiellement, les BDL vont mieux. Mais à part une finale perdue, les supporters n'ont rien eu à se mettre sous la dent. Une preuve que la stratégie adoptée par la nouvelle direction, arrivée en 2010, a sans doute atteint ses limites.
Au delà des questions de personnes, ce sont de vrais problèmes de fond qui doivent donc être traités. Sous peine de voir Grenoble relégué au rang d'équipe secondaire. Un rang indigne eu égard au passé prestigieux des Brûleurs de Loups. L'élimination précoce cette saison doit donc impérativement servir de détonateur. D'électro-choc. Elle doit être salvatrice.
Car cette année, le seul réconfort des Isérois a été le Winter Game : le plus grand match de hockey jamais organisé en France avec 20 000 spectateurs réunis au Stade des Alpes. Un match que les Grenoblois ont perdu face à Briançon. Tout un symbole.