C'est à l'initiative de Christophe Capuano, professeur d'histoire contemporaine à l'université Grenoble-Alpes, ami de Samuel Paty depuis leur rencontre sur les bancs de l'université à Lyon, que cette publication "exceptionnelle" va "faire entrer Samuel dans les bibliothèques"
Les Presses universitaires de Lyon vont publier ce jeudi 23 septembre le mémoire de maîtrise de Samuel Paty consacré à l'histoire contemporaine de la couleur noire, près d'un an après la mort de l'enseignant, décapité après avoir montré en classe des caricatures de Mahomet.
Christophe Capuano, professeur d'histoire contemporaine à l'université Grenoble-Alpes, qui était un ami de Samuel Paty depuis leur rencontre sur les bancs de l'université à Lyon, s'est félicité de cette publication "exceptionnelle" qui va "faire entrer Samuel dans les bibliothèques".
Le projet que M. Capuano a initié en accord avec la famille du défunt, à laquelle seront reversés les bénéfices sur la vente du livre, est une façon "de rendre un hommage universitaire à Samuel Paty mais aussi un hommage culturel pour éclairer une part de sa personnalité".
Samuel Paty, 47 ans, a été décapité le 16 octobre 2020 près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) par Abdoullakh Anzorov, un jeune réfugié tchétchène qui lui reprochait d'avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves.
Son mémoire, intitulé "Le noir, société et symbolique, 1815-1995", avait été soutenu en 1995, alors qu'il était étudiant en histoire à Lyon.
"Il s'interrogeait déjà sur des questions existentielles et spirituelles"
Le texte s'intéresse, avant les monographies de Michel Pastoureau sur les couleurs, aux représentations et à la symbolique du noir en allant puiser aussi bien dans la littérature, la peinture que dans des références cinématographiques ou musicales.
"Il s'interrogeait sur la fascination - et la répulsion - de la société pour le noir, ce qui permettait d'interroger des questions existentielles et spirituelles", a expliqué à l'AFP M. Capuano, assurant que "des travaux postérieurs ont corroboré les intuitions" de l'apprenti historien.
Dans leur préface, M. Capuano et l'historien Olivier Faure préviennent les lecteurs de ne "pas relire certains passages - comme ceux consacrés aux oeuvres d'Odilon Redon - de manière prémonitoire ou anachronique, même si nous pouvons ressentir un certain malaise au regard des circonstances tragiques de la mort de l'auteur".
Samuel Paty remarquait, dans son mémoire, que "les têtes coupées sont nombreuses" dans l'oeuvre du peintre et graveur symboliste.
Un autre hommage "sur le plan scolaire" sera également rendu à l'enseignant au travers d'un prix à son nom, créé à l'initiative de l'Association des professeurs d'histoire et de géographie, qui sera remis à l'automne 2022.
Pour sa première édition, les collégiens seront invités à proposer un projet, sur tout type de support, répondant à la question : "Sommes-nous toujours libres de nous exprimer ?".