Les géants de la peau de phoque vont se défier pour la 27ème édition de la Pierra Menta.
Le coup d'envoi de la Pierra Menta, course de ski de randonnée devenue la vitrine d'une discipline qui séduit un public lassé par la monotonie des pistes en station et qui préfère gravir des sommets en ski quand d'autres se laissent porter en télésiège, sera donné jeudi dans les Alpes.
Forte de son succès, la Pierra Menta (qui se déroule du 15 au 18 mars dans le massif du Beaufortin en Savoie, avec samedi en point d'orgue), a refusé près de 200 inscriptions pour cette 27e édition à laquelle participeront 200 binômes.
"Il y a une vingtaine d'années, on passait pour des extraterrestres, aujourd'hui on ne peut que constater la démocratisation du ski de randonnée", témoigne Pierre Dupont, directeur du club de ski de randonnée Team Ecrins dans les Hautes-Alpes.
Exercé par près de 90.000 personnes, le ski de randonnée, appelé ski alpinisme pour sa pratique en compétition, enregistre une augmentation de 10% de ses pratiquants chaque année depuis 2005, ainsi qu'un "rajeunissement" de ses licenciés, selon la Fédération française de montagne et d'escalade (FFME).
Autrefois réservée aux retraités, moniteurs de ski et guides de montagne, la pratique connaît un second souffle depuis les années 2000 grâce à "l'évolution du matériel", selon Dominique Doix, organisateur de la Pierra Menta, une des compétitions de ski alpinisme les plus relevées du circuit mondial.
"Aujourd'hui les chaussures sont souples, les skis plus courts, les fixations plus légères et les peaux (qui se fixent sur les semelles des skis pour avancer en montée) plus faciles à enlever", résume Dominique Doix.
"Le ski de randonnée est un sport accessible au plus grand nombre. Chacun peut choisir le niveau de difficulté en fonction des massifs, très nombreux, et avancer à son rythme", assure Olivier Mansiot, responsable du ski alpinisme à la FFME et guide de haute-montagne.
Au-delà des avancées du matériel, ce sport coïncide avec une "aspiration pour les activités de pleine nature" et exprime une certaine "lassitude envers les pistes de ski qui ressemblent à des grands boulevards", avance le guide.
"Le ski de randonnée, c'est découvrir de grands espaces, se confronter à des obstacles, à du relief", acquiesce Thierry Bardet, à quelques jours de sa première participation à la Pierra Menta.
"Le ski de piste, j'en avais fait le tour techniquement, je ne prenais plus de plaisir", précise ce Grenoblois de 37 ans qui, avec le ski d'alpinisme, découvre une activité "plus variée".
"En montagne, la météo, la neige sont des variables qui changent chaque jour et auxquelles il faut savoir s'adapter. C'est ce qui fait l'intérêt de ces sports", témoigne Kilian Jornet, triple vainqueur de la Pierra Menta et de l'Ultra Trail du Mont-Blanc (course à pied en montagne).
"Il y a encore une dizaine d'années, le ski d'alpinisme était une sorte de deuxième carrière pour les sportifs, mais aujourd'hui on voit des jeunes s'y mettre directement", relève l'Espagnol.
Autre facteur pour expliquer le développement de l'activité, le ski de randonnée est gratuit: "Le prix des forfaits ne cesse d'augmenter, sans aucun doute cela a contribué au développement du ski de randonnée auprès du grand public", explique M. Mansiot.