Plusieurs syndicats font un lien entre les conditions de travail d'un douanier et son suicide dans le Sud Ouest.
Le chef de la surveillance douanière de Chamonix (Haute-Savoie) s'est suicidé, mardi 24 juillet, sur son lieu de vacances en Gironde. Depuis, les syndicats "Solidaires" et "Unsa" font un lien avec ses conditions de travail ce que nie l'administration.
"Un chef de la surveillance douanière à Chamonix s'est donné la mort sur son lieu de vacances, dans le bassin d'Arcachon sans qu'on puisse établir un quelconque lien avec son activité douanière ou ses faits de service", a déclaré à l'AFP Marc Galeron, directeur interrégional par intérim des douanes Rhône-Alpes et Auvergne, confirmant des informations de Solidaires.
"C'était un fonctionnaire très estimable, très engagé. Les raisons de son geste restent inexpliquées", a ajouté M. Galeron.
L'agent, prénommé Hugues et âgé de 51 ans, était marié et avait des enfants.
L'Unsa accuse l'administration
Dans une violente diatribe titrée "du sang sur les mains", le secrétaire général de l'Unsa douanes, Vincent Thomazo, a accusé l'administration d'être à l'origine de son geste.
"Hugues aimait passionnément la douane et il souffrait de voir avec quel acharnement ses assassins cassaient l'objet de son amour", écrit-il dans un communiqué.
"Non, vous ne me ferez pas taire. Vous m'écouterez jusqu'au bout, vous qui par vos actes avez conduit un homme à commettre l'irréparable plutôt que de se compromettre et devenir votre complice", ajoute le syndicaliste.
M. Thomazo, qui connaissait personnellement le douanier, a indiqué avoir l'intention de faire reconnaître son geste en accident de travail.
Il ne supportait plus ce que son boulot était devenu
"C'est un agent chevronné qui dégringolait petit à petit", a déclaré de son côté Philippe Bock (Solidaires), jugeant le cas "assez emblématique de ce qui se passe en douane", avec des gens "qui bossent avec plutôt des indicateurs chiffrés qu'une logique de mission".
"L'enquête n'a pas encore eu lieu, mais on voit clairement se dessiner quelqu'un qui ne supportait plus ce que son boulot était devenu", a-t-il ajouté.
Les quelque 17.000 douaniers du pays sont rattachés au ministère de l'Economie et des Finances.
Selon M. Bock, ils connaissent des "conditions d'exercice de plus en plus difficiles" avec "une restructuration permanente" et la perte "d'un emploi par jour". Plusieurs autres suicides ont été recensés récemment, dont deux à Paris l'an dernier et un à Paris et à Toulouse cette année, a-t-il indiqué.
Les réductions d'effectifs existent dans toutes les administrations
"Les réductions d'effectifs en douanes existent comme dans toutes les administrations", a reconnu le directeur interrégional des douanes. "Ce n'est pas un phénomène propre aux douanes".
Par ailleurs, "il n'y a pas en douane une pression telle qu'un chef de service soit déplacé pour absence de résultat" ou qu'il subisse des "sanctions pécuniaires", a-t-il ajouté.