Les patrons de discothèques veulent plus de policiers et l'interdiction d'accès aux fauteurs de troubles.
Les patrons de discothèques veulent davantage de présence policière et une interdiction d'accès à leurs établissements aux fauteurs de troubles, après les coups de feu tirés par des clients éconduits ou refoulés dans le Nord, à Lille et près de Cambrai ou à Grenoble récemment.
Pour la responsable du personnel du Pacha à Bordeaux, qui souhaite conserver l'anonymat, "des coups de fusils, il y en a toujours eu depuis que les boîtes de nuit existent". "Vous pouvez faire tous ce que vous voulez, des embrouilles dans les boîtes de nuit, il y en aura toujours", renchérit un videur de l'O'Club, à Toulouse.
Les videurs paient un lourd tribut à cette violence de clients armés, tuant ou blessant sans discernement. Mai 2011, Saint-Paul-de-Blaye en Gironde; juillet 2011, Ivry; avril 2012, Béziers; mars 2012, Marseille. Puis dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, le Theatro dans le centre de Lille où un client et une employée sont fauchés avec une arme de guerre. Le tireur présumé a été interpellé vendredi en Espagne.
Dans la nuit de samedi à dimanche, le bilan a été moins dramatique au Vamos, boîte de Bertry (Nord). Le tireur s'est cette fois servi d'une arme de chasse, tirant des plombs et blessant légèrement dix personnes.
"Personne n'est à l'abri de ce qui s'est passé dans les discothèques du Nord", prévient un patron de Grenoble, qui a requis l'anonymat. "Il faut savoir filtrer, faire une bonne sélection de la clientèle, ne pas faire rentrer des gens déjà en état d'ébriété ou un peu nerveux." Mais "si on tombe sur un fou, on a beau avoir la plus belle porte blindée, on ne sera pas à l'abri."
De l'avis de Patrick Malvaës, président du Syndicat national des discothèques et lieux de loisirs (SNDLL), la justice devrait user de l'interdiction de fréquenter des débits de boissons.
"Interdits de stade"
Directeur de deux établissements, dont le Pacha, Claude Aulong, dans le métier depuis 1966, est favorable à cette mesure sur le modèle des "interdits de stade" pour toute personne connue "pour sa violence ou son état d'ébriété".
"Ma politique, c'est que quelqu'un qui a fait un problème chez moi, dans plus de 90% des cas, je le refuse définitivement dans mon établissement", explique-t-il.
Patrick Malvaës réclame aussi une présence policière renforcée "aux abords des établissements": "Je rentre de Floride, j'ai constaté une présence importante des voitures de police sur les parkings. Ils passent, restent un peu, reviennent. Les patrons de discothèques prennent en charge une partie des frais que cela représente."
Il faudrait "qu'on puisse avoir un policier dans le service de sécurité détaché à cet établissement par tel commissariat ou gendarmerie, que nous on payerait", suggère José De Souza, gérant de l'Amazonia à Nemours (Seine-et-Marne).
Mais "si on met un policier devant chaque boîte de nuit, alors ils ne pourront plus s'occuper du reste", relève Raphaël Vallet du syndicat de police Unité SGP Police FO en Corse-du-Sud.
"En France, la tradition de la coopération entre les patrons d'établissements et les forces de l'ordre est insuffisante", regrette M. Malvaës. Leur premier réflexe, c'est de demander au préfet "la fermeture des établissements."
Face à la banalisation de l'usage des armes, les discothèques sont aussi démunies que d'autres secteurs d'activité: "Les videurs ne peuvent en aucun cas faire face à des gars armés de kalachnikov ou même de fusils de chasse", poursuit M. Malvaës.
Reste la formation. La responsable du personnel du Pacha se félicite de celle suivie récemment par une demi-douzaine de ses salariés pour apprendre à "raisonner les clients", "être diplomate", "réagir par rapport aux agressions".