St-Jean-de-Maurienne (73) : Rio Tinto en CCE

Un comité central d'entreprise s'est tenu ce mercredi sur l'avancement des négociations avec EDF.

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St-Jean de Maurienne : l'avenir de Rio Tinto

C'est toujours l'incertitude qui plane sur l'usine d'aluminium Rio Tinto . 2 réunions décisives se tenaient ce 15 février, décisives entre les les salariés et la direction.

L'avenir de l'usine d'aluminium de Saint-Jean-de-Maurienne, en Savoie, apparaît de plus en plus menacé en l'absence de contrat énergétique avec EDF, alors que Rio Tinto Alcan est accusé de vouloir fermer ce site, un des deux derniers de production d'aluminium en France.

En CCE au siège de Rio Tinto Alcan à Voreppe (Isère), les délégués syndicaux n'en ont pas appris beaucoup plus sur les négociations en cours avec EDF pour abaisser le prix de l'électricité promis à une brusque augmentation. La direction qui a refusé de nous parler aurait toutefois déclaré aux représentants des salariés que "les choses avancent plutôt bien". Un CE est prévu à Saint-Jean en début d'après-midi.

Le compte a rebours est lancé

L'échéance se rapproche inexorablement. Si aucun accord n'est trouvé dans les prochaines semaines avec EDF, le géant minier anglo-canadien a d'ores et déjà menacé
de fermer l'usine, qui fait vivre toute une vallée, employant 600 personnes et représentant 2.200 emplois indirects en Maurienne.
 

En avril 2014, le site n'aura en effet plus d'électricité pour fonctionner du fait de l'extinction de son contrat de fourniture. Et Rio Tinto Alcan estime qu'il lui faut deux ans de préavis pour prévenir ses clients. Or, voilà des mois que les discussions patinent.

"Elles sont difficiles parce qu'on part d'un tarif d'électricité historiquement bas", explique Michel Bouvard, député UMP de Savoie.

Implantée depuis 104 ans en Maurienne, l'usine avait conclu un accord de fourniture
d'électricité très favorable avec EDF
en 1984, à l'époque où elle appartenait au groupe Péchiney.

Aujourd'hui, un alignement sur les prix de marché augmenterait les coûts de production de 50 millions d'euros par an et mettrait l'usine en péril, estime la direction.

Dans le cadre des négociations en cours, "EDF a fait des efforts ces dernières semaines", avance M. Bouvard, affirmant avoir "bon espoir qu'on trouve une solution industrielle".
 

"Rio Tinto nous ment"

Mais en attendant, "les salariés sont au bord de la rupture", s'alarme Yannick Bacaria, délégué CGT de l'usine. "On ne sait pas si on ferme ou si on continue. Ils n'en peuvent plus", ajoute-t-il.


D'autant que derrière le bras-de-fer entre EDF et Rio Tinto, certains doutent de la volonté réelle du géant minier de pérenniser l'usine, la dernière produisant de l'aluminium en France avec celle de Dunkerque.


"Il y a un plan délibéré de Rio Tinto pour fermer ce site", tempête ainsi Jean-Pierre Vial, sénateur UMP de Savoie, en dénonçant les "mensonges éhontés" du groupe minier.


"Pour l'instant, aucune décision n'est prise", a assuré à l'AFP une porte-parole de Rio Tinto Alcan. Un comité d'entreprise doit se tenir mercredi sur l'état des négociations sur le contrat énergétique.


Les dires de M. Vial sont pourtant confirmés par les témoignages de plusieurs anciens cadres de l'ex-Péchiney. "En 2004, (le groupe canadien) Alcan a racheté Péchiney. J'avais alors un plan de fermeture de toutes les usines européennes avec les dates, dont Saint-Jean-de-Maurienne en 2012", raconte Olivier Baud, ancien président d'Aluminium Péchiney.

"La stratégie, c'était d'organiser la pénurie en Europe et de faire remonter les prix de l'aluminium", ajoute-t-il. Après avoir racheté Alcan en 2007, Rio Tinto a poursuivi cette stratégie en rejetant tout projet de reprise et en sous-investissant dans la maintenance de l'usine, selon M. Baud.


D'après lui, le manque d'investissement s'élèverait à 10 millions d'euros par an, un chiffre confirmé par Yannick Bacaria.


"Comme ils ne mettent plus l'argent nécessaire, ils dégradent l'outil et à un moment donné, on va aller à la rupture", estime Christian Cochard, ancien chef des services de l'électrolyse de l'usine.


"La fermeture de l'usine est déjà programmée mais ils veulent trouver un coupable", en l'occurence EDF, approuve Jean-José Aizpuru, sous-directeur du site jusqu'en 2008.


Frappée d'un plan social en 2009, l'usine ne produit plus que 90.000 tonnes de fil d'aluminium par an, pour une capacité de 135.000 tonnes.

"S'il n'y a pas un projet industriel et 300 millions d'euros d'investissements, donner de l'électricité à cette usine, c'est jeter de l'eau dans le sable", conclut M. Baud.

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