Une employée voilée d'un hypermarché Leclerc, qui estime avoir été victime de discrimination à son retour de congé parental, a été déboutée mardi par la justice de sa demande de résiliation de son contrat de travail aux torts de l'employeur.
Apprenant la décision du conseil des prud'hommes de Clermont-Ferrand, dont l'audience s'était tenue le 18 octobre dernier, l'avocat de Gulsen Ozturk, 33 ans, a annoncé son intention de faire appel.
Engagée en 1997, Mme Ozturk avait pris un congé parental d'éducation en 2001, puis enchaîné avec deux autres congés parentaux pour s'occuper de ses quatre enfants.
Durant ces neuf années, elle s'était investie dans la religion musulmane, choisissant de porter le voile.
A son retour chez Leclerc en 2010, elle est affectée à la réserve et ne retrouve pas son poste initial en rayon. Elle demande alors un licenciement avec indemnités, ce que la direction refuse.
Le 23 septembre, après plusieurs arrêts maladie pour cause de dépression, Mme Ozturk est licenciée après avoir refusé "quatre propositions de reclassement", selon l'avocate de la direction, Stéphanie Giraud.
"Elle a été licenciée en raison de ses convictions religieuses", a affirmé de son côté son avocat Me Patrick Roesch, réclamant la résiliation de son contrat de travail aux torts de l'employeur, ce qui ouvre droit à des dommages et intérêts. Me Roesch avait également estimé que son affectation à la réserve était directement liée au port de son foulard et que l'employeur avait "l'obligation de lui proposer un emploi similaire à celui qu'elle occupait avant son congé".
Pour l'avocate de l'employeur, "à aucun moment il n'a été demandé à Mme Ozturk de retirer son foulard". "La réserve faisait partie de ses missions et il s'agissait de la remettre à niveau après neuf années d'absence, au cours desquelles tout a changé dans l'entreprise", avait-elle plaidé.