L'afghan à l'origine des tirs dit avoir tué les soldats français, dont 3 venaient de Varces, à cause d'une vidéo.
Le visionnage de la vidéo où des soldats américains urinent sur des cadavres afghans est, d'après le meurtrier, ce qui l'a poussé à passer à l'acte. Son éventuelle appartenance au mouvement taliban, n'y serait pour rien. C'est ce que révèle l'AFP.
"C'était un vrai soldat, enregistré. Pendant ses premiers interrogatoires par des soldats français, il leur a dit qu'il avait fait cela à cause de la vidéo sur laquelle des soldats américains urinaient sur des cadavres", a indiqué une des sources de l'Agence.
"Dans ces premières confessions, il a dit qu'il a été fortement motivé pour tuer les soldats quand il a vu la vidéo" en question, a déclaré une autre source, ajoutant que, selon ses dires, le tueur "n'avait aucun contact direct avec les talibans mais qu'il ne les haïssait pas non plus".
Rappel des faits
Vendredi 20 janvier, ce militaire afghan a ouvert le feu sur un groupe de militaires français assurant la formation des troupes afghanes à Gwan. L'homme a profité d'un moment où les instructeurs faisaient un jogging au sein d'une base, sans armes ni protections, pour leur tirer dessus.
Quatre hommes sont morts, trois appartenaient au 93ème RAM de Varces en Isère, et quinze ont été blessés, dont huit grièvement.
Le 29 décembre, un autre soldat afghan avait retourné son arme contre ses formateurs, tuant deux militaires français, pour un total de 82 morts sur le front afghan depuis le déploiement de la force internationale, fin 2001.
Samedi 21 janvier, Gérard Longuet, dépêché en Afghanistan par le président Sarkozy pour évaluer les conditions de sécurité des troupes françaises, avait indiqué que le tueur était "manifestement un taliban infiltré depuis longtemps".
Le ministre de la Défense avait attribué cette information au général Nazar, le commandant de la 3e brigade de l'Armée nationale afghane (ANA), dont dépend le tueur. Agé de 21 ans, l'homme, identifié comme Abdul Mansour, a été arrêté après le drame.
Selon M. Longuet, il s'agit d'un ancien soldat de l'armée afghane qui a déserté, est probablement passé ensuite au Pakistan, avant de s'engager à nouveau dans les rangs de l'ANA. Il était depuis environ deux mois dans l'unité de Gwan.
Interrogés à plusieurs reprises par l'AFP samedi, les insurgés, généralement prompts à reconnaître des pertes infligées aux troupes étrangères, ont toujours nié être à l'origine de cette attaque. Par écrit, l'un de leurs porte-paroles a au mieux reconnu que le insurgés "enquêtaient" sur le sujet.
Le président afghan Hamid Karzaï a également qualifié dimanche le meurtre des quatre militaires français d'"acte individuel et isolé", sans jamais employer le terme "taliban".
Gérard Longuet, après avoir discuté avec le président Karzaï, les ministres de l'Intérieur et de la Défense afghans ainsi qu'avec le général John Allen, qui commande l'Isaf, le bras armé de l'Otan en Afghanistan, s'est envolé dimanche 22 janvier pour Paris, après une cérémonie en l'honneur des quatre morts français, dont il ramène les cercueils en France.
Le ministre, accompagné durant son voyage par le chef d'état-major des armées, l'amiral Edouard Guillaud, devra présenter un rapport à Nicolas Sarkozy. "Au vu de leur rapport, le Président de la République tirera toutes les conséquences de l'attentat perpétré contre nos forces par un membre de l'armée nationale afghane", a fait savoir le ministère des Affaires étrangères français dans un communiqué.
Vendredi, Nicolas Sarkozy avait envisagé le retour anticipé du contingent français, prévu pour 2014, "si les conditions de sécurité ne sont pas clairement établies". Washington avait jusqu'alors laissé entendre à deux reprises que Paris ne procéderait pas à un retrait anticipé de ses 3.600 militaires.
La France compte actuellement 3.600 soldats en Afghanistan sur les quelque 130.000 de la force de l'Otan, dont 90.000 Américains et 3.600 Français. En dix ans de conflit contre les talibans, chassés du pouvoir en 2001, 2875 soldats de l'Otan ont péri en Afghanistan, selon un décompte de l'AFP, basé sur les statistiques du site icasualties.org.