Alors que débute, ce mercredi 8 avril, l'examen du projet de loi Santé à l'Assemblée nationale, les associations de donneurs de sang s'inquiètent d'une simplification prévue des procédures administratives de commercialisation des produits sanguins et dénoncent une "marchandisation du corps humain".
Pour dire non à l'entrée du privé dans la gestion du sang en France, les donneurs se sont rassemblés à Grenoble. Leur inquiétude n'est pas récente. Depuis le 23 juillet 2014, l'Etablissement Français du Sang n'a plus le monopole de la vente de plasma SD, produit sanguin traité pour inactiver les virus. Une décision du Conseil d'Etat a entériné un arrêt de la Cour Européenne de Justice après une plainte du laboratoire Octapharma. Officiellement, les marchés publics hospitaliers sont donc ouverts aux laboratoires privés pour l'approvisionnement en plasma thérapeutique.
Cette décision a semé le trouble, et la Fédération Française des Donneurs de Sang Bénévoles a obtenu la garantie que le plasma importé serait d'origine éthique, c'est-à-dire issu de donneurs bénévoles. Malgré cela, pour les donneurs français, le doute demeure.
Reportage de Xavier Schmitt et Jean-Christophe Solari
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Les donneurs dénoncent aussi "une distorsion de concurrence menaçant à terme l'Etablissement Français du Sang". Car si les produits de l'établissement public sont soumis à une batterie de 14 tests avant d'être mis sur le marché, ces règles ne sont pas imposées aux plasmas importés.
Mais c'est surtout l'article 42 du projet de loi Santé de la ministre Marisol Touraine qui a amené les bénévoles à manifester. Un article qui prévoit la simplification des procédures de commercialisation des produits sanguins. Ils y voient une porte ouverte à la remise en cause de la gratuité du don de sang en France, acte de solidarité instauré en 1949.