Isabelle Huppert : "Le public clermontois est un fervent connaisseur de théâtre"

Isabelle Huppert est à Clermont pour jouer Phèdre(s), mis en scène par Krzysztof Warlikowski, du vendredi 27 au dimanche 29 mai sur la scène de la Comédie. Elle était aussi l'invitée exceptionnelle de notre journal jeudi soir.

C'est un évènement à Clermont-Ferrand. Le tout-Paris a déjà pu, et est allé, voir Isabelle Huppert dans le Phèdre(s) de Krzysztof Warlikowski. Puis il sera représenté à Londres, à Luxembourg, à Liège et à Athènes et, au milieu de tout ça, il est joué à Clermont-Ferrand. Alors bien sûr, le public auvergnat est ravi ! Mais pourquoi avoir fait étape en Auvergne ?

Isabelle Huppert : Parce que le public de Clermont le mérite ! Et puis grâce à Jean-Marc Grangier, qui dirige la Comédie à Clermont où j'ai déjà eu le plaisir de jouer une première fois il y a très longtemps Mesure pour mesure, une pièce de Peter Zadek, donc je sais que le public clermontois est fervent connaisseur de théâtre, et j'ai aussi eu la chance découvrir le dernier spectacle de Krzysztof Warlikowski Les Français qui a été présenté aussi ici, et j'ai donc pu voir l'accueil très chaleureux qu'ils ont réservé à ce spectacle. Donc j'espère que ce sera la même chose pour Phèdre(s), pour nous, demain soir (NdlR : vendredi 27 mai).

Phèdre(s), ce sont 3 textes, dont un inédit de Wajdi Mouawad, un autre de Sarah Kane, une dramaturge britannique des années 1990 disparue à 28 ans et enfin un texte issu d'un roman de Coetzee, Elizabeth Costello. Krzysztof Warlikowski ne suit pas vraiment l'intrigue de Phèdre, mais que fait-il de ce personnage ?

I.H. : Non, il ne suit pas l'intrigue de Phèdre, il réfléchit autour du mythe de Phèdre. Le texte de Wajdi Mouawad replace Phèdre dans un contexte plus géopolitique, la pièce de Sarah Kane nous montre une Phèdre plus bourgeoise, plus aristocrate dans un univers beaucoup plus intime et contemporain, et enfin la Phèdre de Coetzee est plus dans l'analyse, c'est une intellectuelle qui réfléchit sur le désir, sa violence, sa beauté, son danger. Ce sont toutes ces sensations, tous ces sentiments que Warlikowski convoque autour du mythe universel et éternel de Phèdre.

Il y a des passages très crus dans ce spectacle, essentiellement dans la partie écrite par Sarah Kane. C'est une vision de femme sur Phèdre, c'est aussi la parite la plus violente. Est-elle difficile à jouer ?

I.H. : Rien n'est difficile et tout est difficile au théâtre. Sarah Kane, je l'avais déjà jouée, mise en scène par Claude Régy dans une autre pièce, 4.48 Psychose. C'est une langue très violente, c'est une langue simple aussi, mais c'est une langue qui frappe très très fort. Ce n'est pas difficile à jouer, au contraire. Cette langue est parfois très drôle aussi. C'est peut-être dans les partitions de Sarah Kane et de Coetzee que se côtoient le plus le tragique et le comique, où l'obscénité du tragique est rendue plus supportable par le comique justement. Le comique, on l'a éprouvé de plus en plus en jouant. Il y a de la violence, il y a du sarcasme surtout dans l'oeuvre de Sarah Kane.

Les pièces de Warlikowski sont logues. Elles sont exigentes autant envers le spectateur qu'envers les comédiens. Comment ressortez-vous d'une pièce de Warlikowski ?

I.H. : On en ressort tous très heureux. C'est d'abord un parcours exceptionnel de travailler avec Warlikowski. Il fait du théâtre et il va au-delà du théâtre. D'ailleurs, le théâtre est fait pour qu'on aille toujours au-delà du théâtre. C'estr une forme qu'il fautr transcender à chaque fois, qu'il faut dépasser, des conventions dont il faut s'extraire, et Warlikowski permet cette liberté. On a le sentiment d'avoir été très libre pendant 3 heures et quelques de représentation. Moi c'est le deuxième spectacle que je fais avec lui, et je crois que c'est ce que j'éprouve soir après soir. C'est ce que l'on peut demander de plus beau au théâtre et c'est peut-être ce qu'on communique aussi au spectateur : ce sentiment de liberté, cette possibilité de ressentir des choses à un moment que les gens s'autorisent à ressentir, mais le fait de leur montrer, peut-être qu'ils s'autorisent encore plus à les ressentir.

Isabelle Huppert était l'invitée du journal de France 3 Auvergne pour parler des représentations exceptionnles de Phèdre(s) mis en scène par Krzysztof Warlikowski à la Comédie de Clermont-Ferrand.

 

Phèdre(s)

de Wajdi Mouawad / Sarah Kane / J.M. Coetzee, mise en scène Krzysztof Warlikowski, avec Isabelle Huppert et Agata Buzek, Andrzej Chyra, Alex Descas, Gaël Kamilindi, Norah Krief, Grégoire Léauté, Rosalba Torres Guerrero.

Vendredi 27 et samedi 28 mai à 20:00, Dimanche 29 mai à 15:00

Comédie de Clermont
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