Battre le record du monde de la traversée de l'Europe à vélo : voilà l'objectif de Nathalie Baillon. L'ultra-cycliste iséroise compte rallier le sud de l'Espagne au cap Nord en moins de 16 jours 20 heures et 59 minutes. Elle commencera son périple ce jeudi 18 mai.
Avaler 6 400 kilomètres de bitume et de terre en moins de 16 jours 20 heures et 59 minutes. C'est le défi de Nathalie Baillon, ultracycliste iséroise. Les ultracyclistes sont des cyclistes de l'extrême. Leur discipline se situe entre le voyage à vélo et la course.
"On découvre des paysages, des lieux, mais il y a aussi un aspect performance : on doit aller le plus vite possible", explique la trentenaire.
Nathalie découvre ce sport lors d'un voyage en Nouvelle-Zélande, en 2018 : "À l'époque, il n'y avait pas tellement de courses, contrairement à aujourd'hui où il y en a partout, tous les week-ends."
Très rapidement, elle se met en tête de battre un record du monde, après avoir feuilleté le livre Guinness des records. Elle pense d'abord à celui du tour du monde, avant de se raviser. "Je me suis dit qu'il fallait commencer plus petit. La logistique est lourde pour un tour du monde. L'Europe, c'est pas loin, c'est plus facile, je connais."
6 400 kilomètres à travers 10 pays
Cinq ans plus tard, la voici prête à enfourcher sa monture. Elle partira ce jeudi 18 mai de Tarifa, au sud de l'Espagne, pour rejoindre le cap Nord, en Norvège, quelque deux semaines plus tard. "Je trouvais ça plus romantique qu'une traversée d'Est en Ouest," confie-t-elle.
L'Iséroise est d'ores et déjà impatiente d'atteindre la Finlande. "Je me souviens d'une photo de Jonas Deichmann [un autre cycliste, ndlr] là-bas avec un renne qui passe devant lui, sur la route," s'enthousiasme la cycliste. Puis d'ajouter : "Ça sentira l'arrivée. Il y aura beaucoup d'excitation !"
Malgré la distance impressionnante (plus de 370 km quotidiens), Nathalie Baillon se sent prête physiquement : "Je m'entraîne pour du 'long' toute l'année. Ce n'est pas le physique qui pêchera, mais plutôt les douleurs, ou le manque de sommeil..." La cycliste est habituée aux longues distances, avec plusieurs courses de 1 000 à 1 500 kilomètres à son actif.
"Pédaler, c'est la partie facile, poursuit-elle. C'est la logistique qui me stresse le plus." À deux jours du départ, son itinéraire n'est pas encore totalement établi. Son passage en Russie reste flou pour le moment. Elle ne sait pas encore quelles frontières seront ouvertes. Elle craint aussi la monotonie : "J'ai l'habitude des courses en montagne, avec leurs nombreux virages. J'ai peur de m'ennuyer dans de longues lignes droites."
"Ce n'est que du vélo, je ne joue pas ma vie"
Mais il en faut plus pour la décourager. "L'objectif, c'est d'arriver juste en dessous du record actuel, détenu par Ian Walker. Si je réalise la traversée en 16 jours 20 heures et 58 minutes, je serais déjà contente." À défaut d'établir un record du monde, la trentenaire enregistrera un premier temps féminin sur ce parcours, à l'assaut duquel aucune femme ne s'est lancée jusqu'ici. La sportive sourit : "Ce n'est que du vélo, je ne joue pas ma vie."
Son périple sera filmé par une équipe de documentaristes. "Je veux inspirer les gens à se lancer dans leur propre aventure, surtout les femmes. On n'en voit pas beaucoup dans le monde de l'ultra-cyclisme, constate-t-elle. Si je peux en pousser certaines à tenter de battre mon temps, ce serait super."
Le 18 mai, Nathalie Baillon s'élancera de Tarifa, en Espage. Si elle atteint son objectif, elle devrait atteindre le cap Nord, en Norvège, d'ici le 4 juin.