Assistantes maternelles et coronavirus : entre confiance des parents et débrouille, Thierry raconte sa vie de nounou

La crise du Covid 19 continue de bouleverser le quotidien des familles et des enfants. Quid d'un rouage essentiel pour ce quotidien : les assistantes maternelles? A Grenoble, Thierry, nounou depuis 22 ans, raconte comment il s'organise avec "ses petits".

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Tout près de Grenoble, à la Tronche, la silhouette de Thierry est connue de tous. L'homme au chapeau noir entouré d'une grappe de bambins arpente les rues entre l'école et son appartement qui accueille les enfants des autres depuis plusieurs décennies maintenant.

Thierry a décidé de changer de vie quand il a réalisé qu'il n'avait pas vu grandir ses deux premiers enfants. A la naissance de Nathan son troisième bébé, il franchit le cap pour devenir assistant maternel.

Depuis, il a permis à des générations de parents de travailler sereinement et ses anciens " petits" viennent régulièrement le saluer et prendre des nouvelles.

Quand la crise du Covid 19  éclate, les emplois du temps des enfants gardés étaient déjà bien chahutés par les mouvements sociaux de l'automne et l'hiver 2019. N'ayant pas de parents à emploi prioritaire, Thierry s'est retrouvé tout seul pendant ces longues semaines à bricoler dans son garage des vélos pour tout le quartier.

Mais il a bien fallu reprendre le travail et pour certains le chemin de l'école donc les petits sont revenus. Actuellement, Thierry ne fait que du péri-scolaire, il n'accueille pas de bébés. Il y a Alban qui va à la maternelle, Justine et Alexandre qui sont en primaire et Marc qui est handicapé. Martia et Ilyas ne sont plus là car leur maman a perdu son emploi.

Se pose alors la question des gestes barrières : comment voulez-vous faire demande Thierry aux parents ?

Fais comme d'habitude, répondent-ils, la confiance est là. Oui,Thierry continue de donner la main aux enfants, non, il ne porte pas de masques devant eux, hormis quand il va chercher le pain à la boulangerie. Oui, il va au parc avec le toboggan, et tout le monde se lave les mains régulièrement pour faire la chasse à la bébête.

C'est galère dit-il de jongler avec des emplois du temps scolaires complètement morcelés et chaotiques, il faut retourner à l'école chercher l'un, pendant que l'autre fait sa sieste, pas facile de s'organiser. Les parents sont perdus...

En revanche, il dit savourer une nouvelle relation avec ses enfants : "avec Alban qui n'est pas prioritaire en maternelle, on fait le tour des parcs et des ruisseaux, on vit autre chose que quand je le vois deux heures en périscolaire, j'apprends à le découvrir, on s'amuse bien."

A-t-il reçu des consignes de la PMI, la protection maternelle infantile du conseil départemental ? Aucune, dit-il, hormis un coup de fil au début de la crise, du RAM, rassemblement des assistantes maternelles, pour savoir si tout allait bien : "Je me débrouille, je fais attention à ne pas voir trop de monde, ma femme elle qui travaille au Secours catholique alterne télétravail et distributions alimentaires." (Début Mai, dans une relative discrétion, un guide ministériel Covid-19 balise les modalités d'accueil du jeune enfant.)

Autre effet positif selon Thierry : la redécouverte, ô combien salutaire, de l'hygiène : "J'espère qu'il en restera quelque chose après tout ça ! A l'école, les enfants n'avaient même pas de savon et de serviette, ils rentraient de la récré avec les mains pleine de terre...Jusqu'au déjeuner... Quand la gastro circulait, ça pouvait durer des mois d'affilée."

A-t-il de la place pour dépanner éventuellement des parents sans mode de garde ? Oui, mais prévient-il, le temps est fini où il pouvait garder une matinée ou deux heures un petit en surnuméraire, il faut désormais tout déclarer et  procéder aux inscriptions absolument obligatoires. Une obligation qui ne rime pas forcément avec souplesse, ce que déplore l'assistant maternel le plus célèbre du quartier.

 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité