François Giroud est Isérois. Il fait partie des 1800 parties civiles, dans ce procès hors normes qui s'est ouvert mercredi 8 septembre à Paris. Son fils Mathieu, 38 ans, a été abattu d'une balle dans la tête au Bataclan.
Le 13 novembre 2015, Mathieu, 38 ans, faisait partie des spectateurs au Bataclan. L'attentat a fait 90 morts, fauchés par les balles des terroristes. Six ans après cette nuit d'épouvante, Francois Giroud, son père "ne va ni bien ni mal, depuis ce jour-là, avec mon épouse Michèle, nous sommes en fait restés dans le même état de stupeur d'avoir perdu notre fils, abattu d'une balle dans la tête, alors, oui, on continue à vivre, mais la même douleur est toujours là".
"Notre société doit montrer que nous sommes dans un Etat de Droit"
Six ans après qu'attend-il de ce procès ? "Ce procès n'est ni attendu, ni redouté. C'est une suite logique, on savait qu'il aurait lieu, il faut que ce procès ait lieu dans notre société, et notre société doit montrer que nous sommes toujours dans un Etat de Droit et que justice soit faite. Toutes les familles le disent, cela n'apaisera pas notre douleur, mais il faut qu'il ait lieu, c'est important, on entendra peut-être des témoignages nouveaux, des faits nouveaux..."
François Giroud est à fleur de peau. Sa douleur est visible, si proche et présente, mais le père de Mathieu sait qu'il va devoir immanquablement se replonger dans la réalité des faits de ce 13 novembre, sans vraiment savoir si ces audiences pourront, en quelque façon que ce soit, l'apaiser.
Alors comment lui et son épouse vont-ils le suivre ? "Nous pourrons le suivre, à distance, sur la web radio mise en place, qui le retransmet dans son intégralité, avec un code d'accès pour les familles des victimes, nous avons reçu le programme des audiences, notre avocate nous accompagne et nous conseillera aussi des moments clés. Nous le suivrons, et on peut le faire à chaque moment, dès que ce sera important pour nous".
Je témoignerai en mémoire de Mathieu, et contre le terrorisme"
Les familles et les proches seront entendus à la fin du mois de septembre. François Giroud a reçu une convocation, ce sera le 21 octobre. "Est-ce que je suis prêt ? Je ne le sais pas, j'y pense et repense, et je réfléchis encore. On nous a dit qu'on peut parler le temps qu'on veut. Cinq minutes, ou une heure, je ne pense pas que je témoignerai pendant une heure, mais oui, je témoignerai en mémoire de Mathieu, par solidarité avec les associations de victimes qui nous ont dit qu'il était important d'apporter notre parole, et puis aussi par citoyenneté, contre le terrorisme".
La compagne de son fils défunt témoignera elle aussi, le même jour jour que lui : "ce sera je l'espère au moins un moment d'humanité, parce que l'on sait que ce procès sera par ailleurs une grande machine juridique. Quand je vois la salle d'audience, je me dis que ce ne sera pas forcément facile, mais je n'ai pas peur, je le ferai en mémoire de Mathieu".