Un jeune homme de 22 ans va comparaître à partir de demain, mardi 12 décembre 2017, devant les assises de l'Isère. Il est accusé du braquage d'un tabac à Dolomieu en 2014. Un client qui tentait de s'interposer avait été tué.
La cour d'assises de Grenoble se penche à partir de demain, mardi 12 décembre 2017, sur ce braquage d'amateurs d'un bureau de tabac dans le village de Dolomieu (Isère) en 2014, qui s'est soldé par la mort d'un témoin et le suicide d'un des auteurs présumés pour un butin de misère. C'est un jeune homme de 22 ans, Mukael Erdem, qui va comparaître seul pour répondre principalement de vol avec violence ayant entraîné la mort le 29 juillet 2014.
Il a reconnu les faits dès son interpellation quatre jours plus tard, exprimant lors de sa garde à vue des remords d'avoir tué Hugo Villerez, 34 ans, d'un tir de fusil, "sur un coup de panique", selon son avocate Aurélia Mennessier.
Son complice présumé, Morgan Vertu, 22 ans à ce moment là, s'est suicidé en prison en août 2014, après une semaine de détention provisoire. L'action publique à son encontre est donc éteinte et sa famille ne devrait pas assister à l'audience.
"Cette affaire est très simple. Elle avait suscité un grand émoi car dans ces villages, il y a une vie +normale+. On n'est pas dans le Far West", a expliqué une source judiciaire. "C'est un braquage de Pieds Nickelés qui n'aurait jamais dû avoir de telles conséquences", a estimé une autre source proche du dossier.
Ce jour de fin juillet, Mukael Erdem, 19 ans, et Morgan Vertu, qui s'étaient rencontrés quelques jours auparavant, auraient décidé de "commettre un vol pour s'offrir des vacances". A l'aide d'un fusil de chasse chargé, Mukael et Morgan tentent à Morestel un premier car-jacking qui échoue. La seconde voiture sera la bonne. Il laisseront sa conductrice partir avec son sac à main.
A bord de cette petite Peugeot, les deux hommes gagnent Dolomieu, à une dizaine de kilomètres, et choisissent un bureau de tabac "au hasard", selon l'ordonnance de mise en accusation.
Se masquant maladroitement le visage, les deux apprentis braqueurs entrent dans le commerce : Morgan va se saisir de trois cartouches de cigarettes et des 140 euros de la caisse, tandis que Mukael reste près de la porte le fusil à la main.
C'est alors que Hugo Villerez, un des trois clients, se serait avancé vers lui, le faisant descendre à reculons les quelques marches de l'entrée et le suivant sur le parking. C'est alors que Mukael a tiré.
Hugo Villerez, le thorax perforé de 237 plombs de chasse, meurt 40 minutes plus tard dans les bras de sa mère, qui l'attendait dans sa voiture. Les deux complices s'enfuient en voiture, s'embourbent dans un chemin et finissent leur fuite à pied.
L'enquête remontera très vite jusqu'aux deux jeunes hommes, qui seront arrêtés en quatre jours, mis en examen et écroués.
Pour Me Gabriel Versini, avocat de la famille Villerez, partie civile, "le dossier est lourd, le bilan humain terrible". "Mère, père et frère, la famille fait bloc face l'épreuve à venir" du procès où "on va essayer de salir" la victime qui était "baba cool, travaillant sans travailler, plutôt du genre à apaiser les choses qu'à les envenimer".
L'autopsie d'Hugo Villerez a montré "une alcoolémie de 0,74 g/l et la présence de cocaïne, de méthadone et de substances psychotropes, compatible avec un usage thérapeutique". Selon une source proche du dossier, la victime sujette à la toxicomanie avait suivi des cures de désintoxication.
"On nous parle de branquignols mais pourquoi venir sur un braquage avec une arme non factice ? et chargée ? Qu'on l'explique à cette mère éplorée !", a poursuivi Me Versini.
La buraliste, également partie civile, attend "que la justice passe avec toute la sévérité qu'impose de pareils faits", a déclaré Me Fabien Rajon.
Dominique De Sede, qui avait été braquée deux mois avant ces faits par deux mineurs, "continue de travailler dans son tabac presse et vit au quotidien avec la peur que cela se reproduise", a ajouté son conseil.
Selon Me Menessier, Mukael Erdem "assume complètement ce qu'il a fait (...). Il est vraiment dans une démarche d'explication et de culpabilité immense (...). Il n'a jamais voulu tuer; il a paniqué devant le comportement imprévisible" de la victime.