L'écrivain Frédéric Drad, auteur de plusieurs centaines de romans, nous a quitté il y a 20 ans, le 6 juin 2000. À Bourgoin-Jallieu, sa ville natale, l'événement à été commémoré de façon festive, un peu à l'image du personnage.
"Aujourd'hui est un grand jour pour la république autonome de Jallieu", déclare l'un des habitants de Bourgoin-Jallieu... ou plutôt de Jallieu. Cette ancienne commune iséroise est la ville natale de Frédéric Dard, auteur de près de 300 livres et surtout connu pour ses intrigues policières... et polissonnes. Ce samedi 6 juin, ils sont une vingtaine à se réunir pour commémorer de manière festive les 20 ans de la mort de l'auteur et par la même occasion clamer leur attachement à Jallieu. Une commune créée sous la révolution qui a fusionné avec Bourgoin en 1967. Ces habitants - de bons vivants - voudraient retrouver l'autonomie perdue.
Ils ont installé leur consulat dans un bar Le Mot Passant, situé rue de la libération. C'est dans cette rue qu'est né l'écrivain, juste au-dessus de la poste. De quoi devenir un homme de lettre, comme il le disait lui-même. Et selon les dire de ces habitants, Frédéric Dard, alias San Antonio, était lui-aussi très attaché à sa commune natale. "Jallieu, ça faisait partie de ses références. D'ailleurs, dans un de ses livres, le héros s'appelle de Jallieu", explique Philippe Rojon, consul de la république autonome de Jallieu.
Des écrits populaires
La ville a donné à l'écrivain une avenue et un monument. De loin, ce dernier, appelé "L'Objet-Dard" et imaginé par le plasticien Bertrand Lavier, ressemble à un monument aux morts. En réalité, ce ne sont pas des noms de personnes qui y sont inscrits mais les 174 titres des livres signés San Antonio : Laissez-tomber la fille, Entre la vie et la morgue, Appelez-moi chérie, L'Année de la moule, etc. Et pour faire référence au côté grivois de ces écrits, les titres ont été inscrits en "rose bordel".
L'écrivain était très attaché à ses racines populaires. "A Jallieu c'était les ouvriers. Et lui, c'est devenu l'ouvrier du livre, explique, ému, l'un des habitants. C'est beau hein ? C'est merveilleux. Je me retiens parce que j'ai la larme qui va arriver." Pour Gilles Thorand, de l'association des amis de San-Antonio, "cette bonhomie franchouillarde, elle se perpétue, elle se transmet. On n'est pas dans la haute littérature reconnue. Il a toujours été classifié dans la littérature de gare, populaire". Et il ponctue : "Et en même temps c'est la vie."