Les enfants d'un couple de retraités tués dans un accident de la route le 26 février dernier à Bourgoin-Jallieu ont décidé de porter plainte pour homicides involontaires et non-empêchement de délit. Ils reprochent à 4 gendarmes d'avoir laissé leur collègue conduire après avoir bu.
L'annonce a été faite ce lundi 15 avril 2019, lors d'une conférence de presse organisée à Grenoble. Les enfants d'un couple de septuagénaires tués sur la route à Bourgoin-Jallieu le 26 février vont déposer plainte contre quatre gendarmes pour homicides involontaires et non-empêchement de délit.
Ils leur reprochent d'avoir laissé un de leurs collègues reprendre le volant alors qu'ils avaient bu ensemble tout l'après midi, en dehors de leur service. Pour la première fois en France, cette affaire pose donc la question de la responsabilité pénale de ceux qui ont laissé conduire un proche alcoolisé.
"On fait ça pour la mémoire de nos parents, et par rapport à tous les problèmes de délinquance routière", explique Olivier Duron, aux côtés de son frère Alain et sa soeur Céline.
Ils se disent "déterminés à rendre justice" à leurs parents, Florencio et Geneviève Duron, âgés respectivement de 71 et 69 ans.
"C'est une première en France sur le plan jurdique", souligne leur avocat Maître Gerbi. Pour lui, l'enjeu de cette affaire va bien au delà du fait divers : "c'est faire la preuve que, juridiquement, il est possible de responsabiliser ceux qui laissent conduire des personnes en état manifeste d'ébriété."
Une équipe de France 3 était présente lors de la conférence de presse qui a réuni trois des quatres enfants du couple disparu ainsi que leur avocat.
"Ils ne pouvaient pas ignorer"
Le 26 février 2019, cinq gendarmes passent l'après-midi ensemble, en dehors de leur service, entre 13h et 19h. Selon l'avocat, "il y a eu trois commandes de boissons alcoolisées, donc la conscience d'état d'alcoolémie grave était évidente".
Vers 19h, l'un d'eux, âgé de 35 ans, monte au volant de son véhicule personnel, reprend la route et emboutit la voiture des époux Duron. Son taux d'alcoolémie est alors de 2,54 grammes d'alcool par litre de sang.
Pour Maître Gerbi, les quatre autres gendarmes "ont leur part de responsabilité pour ne pas avoir empêché le gendarme condamné directement de prendre son véhicule. Ils auraient dû intervenir".
"J'estime que quand on est à 2,54 grammes, a priori c'est proche du coma éthylique donc ils ne pouvaient pas ignorer", souligne Céline Duron. "On a ces campagnes sur la sécurité routière régulières. Pour des personnes qui sont confrontées au quotidien à la violence routière, ça me paraît hallucinant."
Un procès "expédié"
Le conducteur a été jugé en comparution immédiate le 28 février pour "homicides involontaires avec circonstances aggravantes" et condamné à trois ans d'emprisonnement dont 18 mois fermes par le tribunal correctionnel de Bourgoin-Jallieu.
"On a le sentiment que le procès du 28 février a été expédié", relève Olivier Duron. "Pour nous, il est insuffisant".
Maître Gerbi a demandé le désaisissement du tribunal de Bourgoin Jallieu. Il souhaite que l'affaire passe entre les mains d'un juge d'instruction de Grenoble.