Coronavirus : couturière en Isère, elle ne veut plus fabriquer des masques bénévolement

Après une quarantaine de jours à travailler bénévolement, un collectif de couturières réclame une rémunération pour la confection de masques. En Isère, Marie Noël-Baron a rejoint ce mouvement qui fédère des milliers de professionnels.

Saluées pour leur élan de solidarité, les couturières veulent désormais être rémunérées pour leur travail. Quand l'épidémie de nouveau coronavirus est arrivée en France, le manque de masques était criant. Et toute la profession s'est mise au travail, fabricant des pièces par milliers.

Dans son atelier de Saint-Laurent-du-Pont, depuis le 15 mars, Marie Noël-Baron en a confectionné 200 qu'elle a distribués gratuitement. Alertée par une amie soignante, la couturière iséroise a voulu répondre à cet appel à la solidarité. Mais après 45 jours de bénévolat, elle dit stop. L'artisane s'est jointe au collectif "Bas les masques" qui refuse "tout appel de travail bénévole des mairies et grandes entreprises pour la confection de masques qui ne seront pas une embauche avec un salaire décent". Marie demande une rémunération pour son travail, sans quoi son entreprise se trouverait en péril.
 
"L'appel au bénévolat continue, mais nous, en tant que professionnels de la couture, on ne peut plus et on ne veut plus travailler bénévolement. Les couturières professionnelles se sont mises à vendre leur travail et elles se sont complètement faites lyncher. On les a taxé de profiteuses, d'opportunistes, de sans-coeur alors que c'est notre métier et qu'on en a besoin pour vivre", plaide Marie Noël-Baron.

 

Une pétition, des milliers de signatures


Le juste prix de son travail, elle l'a calculé. Il faudrait que ses clients déboursent entre 8 et 10 euros par masque, toutes charges déduites. Et même en payant ce prix, il lui resterait comme 75 centimes de salaire par pièce. Costumière de théâtre, diplômée de l'Ensat de Lyon, Marie Noël-Baron a travaillé pour l'Opéra de Paris, le Moulin Rouge, Chanel... Depuis six ans à son compte, elle crée des robes sur-mesure. Un savoir-faire d'exception, pourtant méconnu, sous-estimé.

"La problématique des masques fait ressurgir la triste réalité de notre métier. Tout ça, c'est depuis la nuit des temps. Jusqu'aux années 1960, la couture était enseignée aux fillettes dans les écoles pour qu'elles deviennent de bonnes petites ménagères. Ce n'était pas un métier, c'était normal pour une femme, inné, acquis", s'insurge-t-elle.

Le collectif de couturières "Bas les masques" réclame la reconnaissance d'un vrai métier. "Notre savoir-faire, notre temps, notre travail ne valent-ils plus rien ?", se questionne-t-il dans une pétition en ligne lancée le 28 avril. "Le mouvement a dépassé, de loin, le cadre normal du bénévolat et en vient à concurrencer, voire remplacer une industrie existante qui devrait être plutôt soutenue par le gouvernement", peut-on lire dans ce même document qui a récolté plus de 6 000 signatures ce samedi.

Les signataires craignent notamment la "dévalorisation d’un métier et d’une profession", le "travail dissimulé et prêt illicite de main d’œuvre", proposant plusieurs pistes pour vivre de leur travail. Ni hobby, ni simple tâche ménagère, le métier d'artisan d'art.

 
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