Coronavirus : la fermeture des marchés, c’est "mettre en difficulté les producteurs locaux" selon le maire de Voiron

Le marché de Voiron, qui a lieu d'ordinaire tous les mercredis et tous les samedis, est fermé jusqu'à nouvel ordre, comme la plupart des marchés français. Cette mesure prise par le gouvernement en raison du coronavirus, suscite l'incompréhension du maire de la ville iséroise et de ses commerçants.

"C’est regrettable de faire payer le prix de ce confinement prioritairement à nos producteurs locaux", estime Julien Polat, maire sortant UMP de Voiron. Comme partout en France, à quelques exceptions près, le marché de la commune iséroise doit fermer, et ce jusqu'à nouvel ordre, pour limiter la propagation du coronavirus. Cette mesure, annoncée par le Premier Ministre lundi soir dernier, est incohérente pour Julien Polat. 

Moi je trouve qu’arrêter les marchés alimentaires quand on continue de permettre aux gens d’aller s’agglutiner dans les supermarchés comme on a pu le voir dans certaines régions de France, où les gens ne respectaient manifestement pas les distances de sécurité, c’est surtout mettre en difficulté des producteurs locaux qui se retrouvent sans moyen d’écouler leur marchandises alors même que dans les étals de supermarchés on a parfois des denrées qui proviennent d’autres pays, voire de l’autre bout du monde, 
-
Julien Polat, maire sortant de Voiron (UMP)
 

L'incompréhension est partagée par les commerçants et par la présidente du syndicat des commerçants non sédentaires de l'Isère Marie Amore. "On est restés complètement ahuris devant cette décision. On ne comprend pas parce que tout au long de la semaine dernière on avait mis des mesures en place sur les marchés alimentaires de l’Isère pour respecter les mesures d’hygiène, le nombre de personnes, etc. On a tout fait dans les règles, raconte-t-elle. On ferme nos marchés qui sont des commerces de proximité et ça profite à la grande distribution qui, elle, est en périphérie. C’est inconcevable ! C’est incroyable !"
 

Des techniques artisanales 

"Aujourd’hui, on ne peut pas organiser des marchés comme on le faisait au temps où il n’y avait pas le virus. Personne n’en disconvient", dit Julien Polat, qui assure avoir pris les mesures nécessaires dès le début du confinement. Il affirme que l'accès avait été limité aux seuls exposants alimentaires et abonnés, ce qui permettait "de limiter le nombre d’étals et de les espacer de manières très significative". D'autre part, des marquages avaient été dessinés au sol pour faire respecter les consignes de distanciation sociale. Et la police municipale était présente pendant toute la durée du marché. "Les agents circulaient dans les allées pour rappeler aux gens les consignes d’éloignement", explique l'élu. 

Selon Marie Amore, il en était de même dans les autres marchés de l'Isère. Chaînette, cagettes, marquages au sol, etc. Chacun y allait de sa propre technique artisanale ⬇

 
40 000 euros de stock

"Le ministre demandait une application immédiate, c’est-à-dire sans préavis", s'indigne Marie Armore. Certains ont été prévenus à 23 h 45 qu’ils ne pouvaient pas venir le lendemain. Alors que les frigos étaient pleins. Il ne faut pas oublier qu’'alimentaire', ça veut dire 'denrées périssables'. Ce n’est pas des chaussures ou du tissu."  En effet, la consigne a été donnée lundi soir lors de l'allocution télévisée d'Edouard Philippe et devait être mise en application dès le mardi matin.

"J'étais allé chercher mes stocks le lundi matin. Maintenant j’en fais quoi ? , s'inquiète Lucio Nunes, un des primeurs du marché de Voiron. Là, non seulement je ne peux pas vendre ma marchandise mais en plus il faut que je paye les fournisseurs. Ils ne voudront pas la reprendre. Si je n’ai pas de rentrée d’argent et qu’il faut que je paye en plus le personnel, les charges sociales, etc. Je ne tiendrai pas", explique-t-il. Et Marie Amore d'ajouter : "Il y a un commerçant qui avait 40 000 euros de stocks. On fait quoi pour eux ?"
 

"Un réflexe de solidarité"

Hier, le maire de Voiron a demandé au responsable de la cuisine centrale, qui livre la maison de retraite de la commune, de se fournir en priorité auprès de primeurs locaux. Il a formulé la même requête auprès des supermarchés qui, d'après l'élu "ont eu spontanément un réflexe de solidarité vis-à-vis des producteurs locaux". Ce mercredi 25 au matin, Lucio Nunes était toujours dans l'attente de l'appel d'un gérant. "Il devait vérifier s'il avait des besoins ou pas, explique le primeur. "Je suis un peu angoissé, je n'ai pas dormi de la nuit", confie-t-il.

De son côté, le syndicat des commerçants non sédentaires de l'Isère a adressé un courrier à toutes les mairies du département pour que les maires plaident leurs causes auprès des préfets. Mais pour Julien Polat, il est impossible d'obtenir une quelconque dérogation à Voiron. "Le gouvernement ayant annoncé que c'était essentiellement valable dans les communes où le marché est le seul moyen d'approvisionnement en alimentation, cela concerne surtout les zones très rurales, et nous ne serons pas éligibles à cette dérogation, explique-t-il. Ce serait donc à mes yeux du temps perdu d'engager cette procédure.

L'actualité "Société" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Auvergne-Rhône-Alpes
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité