Dix hospitalisations pour des cas de Covid-19 au Groupement hospitalier Nord-Isère, 34 au CHU Grenoble-Alpes... La résurgence de l'épidémie de coronavirus ne se répercute pas, pour l'instant, sur les chiffres hospitaliers en Isère.
La propagation du Covid-19 s'accélère en Isère, tandis que les chiffres hospitaliers observent une légère hausse. Département classé en zone rouge par les autorités sanitaires depuis le 11 septembre, il fait partie des 42 territoires français où la circulation du coronavirus est "active". Pour autant, les admissions en milieu hospitalier frémissent sans bondir.
Au mardi 15 septembre, le CHU Grenoble-Alpes - regroupant l'hôpital Michallon et la clinique de Chartreuse à Voiron - compte 34 personnes hospitalisées dont dix en soins critiques, c'est-à-dire en service de réanimation ou en unité de soins continu. Une semaine en arrière, les hospitalisations étaient au nombre de 21.
Selon les derniers chiffres communiqués par Santé publique France, le taux d'incidence s'élève à 70,4 pour 100 000 habitants en Isère - le nombre de personnes infectées sur une semaine sur 100 000 habitants. Alors, pourquoi cette flambée des cas ne se fait-elle pas ressentir sur les chiffres hospitaliers ? "On a le sentiment qu'il y a une forte poussée (des contaminations) chez les 20-40 ans. Ce sont des malades qui ne nécessitent pas d'hospitalisation, même s'ils sont symptomatiques", analyse le Dr Marc Fabre, médecin référent des maladies infectieuses au Groupement hospitalier Nord-Dauphiné (GHND).
Situation tendue
La structure, qui regroupe quatre centres hospitaliers du Nord-Isère, compte dix hospitalisations pour des cas de Covid-19, uniquement à Bourgoin-Jallieu. Là aussi, on note une augmentation bien que la situation reste "assez stable". C'est la tendance au plus long terme qui pose question. "Tant que le virus touche des personnes jeunes, on ne risque pas de voir les hospitalisations augmenter (...) mais si ça dérive vers des gens plus âgés...", craint le Dr Fabre.
D'autant que l'hôpital est déjà sous tension, et pas directement à cause du virus. Les interventions reportées et les prises en charge repoussées pendant le confinement se font ressentir. Le CHU Grenoble-Alpes a dû activer le plan blanc pendant 24 heures pour faire face à cet afflux de patients en rappelant une vingtaine de personnels.
"On voit des malades avec des pathologies plus lourdes qu'en temps normal, on a plus de difficultés à les faire sortir d'hospitalisation", confirme le médecin référent des maladies infectieuses du GHND, appelant les personnes atteintes de maladies chroniques à consulter sans attendre que leur état ne s'aggrave.
"Incertitude"
Pour ne pas se retrouver sur le fil, le groupement hospitalier porte une attention particulière aux "potentiels clusters", au premier rang desquels se trouvent les Ehpad. Plusieurs de ces établissements ont dû observer un reconfinement pour éviter une flambée des cas qui, souvent, se traduit par de nombreux décès.
"Protégez vos aînés", implore Marc Fabre qui préfère parler d'"incertitude" pour la période à venir. Avec la rentrée des classes et l'arrivée de l'hiver, où la population va davantage rester dans des lieux confinés, favorables à la propagation des virus, les infectiologues sont nombreux à craindre un rebond de l'épidémie.
"On peut être faussement rassuré" parce que l'augmentation de la circulation du virus a "peu de retentissement actuel" sur le système de soins, mais il peut y avoir "une augmentation très rapide, exponentielle, dans un deuxième temps", a averti le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, en fin de semaine dernière.