La station de l'Alpe du Grand Serre, située en Isère, propose des "forfaits solidaires" jusqu'au week-end du 23 et 24 mars. L'objectif : recueillir assez de dons de la part des touristes pour combler le déficit de la régie des remontées mécaniques. Et ce, dans l'attente d'un projet de transition pour la station.
Il faut emprunter une route sinueuse depuis la commune de Séchilienne, en Isère, pour grimper jusqu'à la petite station de l'Alpe du Grand Serre, nichée à 1 370 mètres d'altitude aux portes du massif de l'Oisans. Quelques habitations, des commerces de proximité, un domaine nordique et des remontées mécaniques qui se comptent sur les doigts d'une main... Le paysage de la station familiale est planté.
Pourtant, l'équilibre de l'Alpe du Grand Serre est mis à mal. La régie des remontées mécaniques, une des principales sources de revenus de la station, est en déficit. Une situation, qui a poussé la communauté de communes de la Matheysine à proposer des "forfaits solidaires" jusqu'au dernier week-end d'ouverture de la station, prévu les 23 et 24 mars.
Les touristes peuvent ainsi choisir de payer 30 euros leur forfait à la journée, au lieu de 25,50 euros. L'écart de 4,50 euros revient ainsi directement à la régie des remontées mécaniques. Ils peuvent également reverser l'ensemble des 30 euros, sans profiter des remontées mécaniques, pour soutenir "de manière solidaire" la régie.
Un projet "reconnu pilote"
Pour Coraline Saurat, présidente de la communauté de communes de la Matheysine, cette opération vise à "créer un élan citoyen pour sortir de l'impasse et participer à changer la donne", même si elle tient à rester réaliste : "On ne pourra pas combler tout le déficit. Mais comme l'adage le dit : 'les petits ruisseaux font les grandes rivières'."
La mission "sauver la régie des remontées mécaniques" doit permettre de laisser du temps à la communauté de communes : un délai de deux ans pour "finaliser et sceller le plan de financement estimé à 6 millions d'euros" d'un projet de transition de la station.
Face à des chutes de neige de plus en plus occasionnelles en moyenne montagne, une fréquentation fluctuante des touristes en hiver et des entretiens coûteux des infrastructures existantes, la station a choisi de s'orienter vers "une transition 4 saisons".
"C'est un projet de transition reconnu pilote au niveau régional depuis deux ans. Mais les financements manquent, pour le moment, notamment à l'échelle nationale", indique Coraline Saurat avant de poursuivre : "On y pense suffisamment tôt, mais il faut faire cette transition en douceur. On ne peut pas passer à une saison sans ski d'une année à l'autre. Mais, il faut préparer l'avenir. Peut-être qu'à échéance de 20 à 30 ans, il n'y aura plus de neige en moyenne montagne. Il faut le considérer."
200 emplois
Ce projet "suscite l'adhésion de tous", selon la présidente de la communauté de communes. Il prévoit, entre autres la création d'un télémixte (télésiège pour skieurs / télécabine pour piétons et VTT) en lieu et place de deux remontées mécaniques : "Nous n'avons pas réalisé d'investissement sur ces infrastructures depuis 40 ans." Mais le projet comporte aussi des investissements pour développer les activités d'été, avec une "trame verte autour du pastoralisme et de la randonnée".
"L'objectif est aussi de ne pas transformer notre montagne en un parc d'attractions. Il faut qu'elle reste un espace de découverte, de nature", poursuit-elle. D'autant plus qu'avec la canicule de l'été dernier, la station a vu les visiteurs affluer : "Quand il a fait très chaud à Grenoble, on a vu notre fréquentation augmenter. Nous ne sommes pas en capacité de pouvoir accueillir tout le monde avec nos installations actuelles si cela est amené à se répéter dans le temps."
Sans la station, près de 200 emplois seraient menacés : "Toute la vallée de la Matheysine en subirait les conséquences", ajoute Coraline Saurat.