Annoncé pour ce Noël 2024, le tunnel de Tende, entre la France et l'Italie, ne rouvrira finalement pas avant 2025, faute de normes de sécurité respectées. Côté français, l'impatience se mêle à l'agacement.
C'est l'histoire d'un tunnel dont personne ne sait quand on en verra le bout. Celui de Tende, qui doit relier ce village des Alpes-Maritimes avec celui de Limone, dans les Alpes italiennes. Alors que le chantier dure depuis maintenant plus de dix ans, un nouveau report a été annoncé le 16 décembre 2024.
Ce devait être le cadeau de Noël de toute une vallée qui n'attend que ça. Après avoir annoncé son ouverture pour les mois d'avril, puis de juin 2024, la presse italienne avait avancé que le tunnel sera à nouveau praticable d'ici la fin de l'année.
"Je n'y ai jamais cru, j'ai toujours dit que c'était impossible d'ouvrir le tunnel avant 2025", lance Sébastien Olharan, maire (LR) de Breil-sur-Roya. Et ce dernier a vu ses projections s'avérer bonnes quand la commission de sécurité du projet a retoqué la date d'ouverture : système d'eau pour les pompiers pas alimenté, ventilateurs pas installés... Ouvrir le tunnel en l'état relèvera de l'irresponsabilité. Des deux côtés de la frontière, on veut éviter un drame comme celui de l'incendie du tunnel du Mont-Blanc en 1999.
"Toutes ces dates avant 2025, ce n'étaient que des effets d'annonce pour que les entreprises n'aient pas à payer des pénalités de retard", poursuit Sébastien Olharan, qui rappelle que les nombreux épisodes qui ont repoussé le chantier depuis des années : vol de matériel, tempête Alex, Covid, hausse du coup des matériaux, entreprise italienne interdite d'exercer pour ses liens anciens avec la mafia...
1/5 Nouvelle visite du chantier du tunnel de Tende en présence des deux ambassadeurs du transfrontalier français et italiens.
— Sébastien Olharan (@SebOlharan) October 3, 2024
Les travaux ont fort heureusement avancé depuis ma dernière visite.
Toutefois, il y a pas mal de choses qui restent à faire. pic.twitter.com/vKxO0nE9dj
Aussi, ce nouveau report fait grimper les tensions entre la France et l'Italie, cette dernière étant responsable des travaux via l'Anas, le gestionnaire des routes italiennes. "La presse italienne écrit que ce sont les Français qui ont dit non à cette réouverture en l'état. Mais c'est faux ! La commission est mixte", rappelle l'élu local, qui juge cette situation "infernale".
"Je me dis que si les Français avaient la maîtrise d'ouvrage, ce serait allé plus vite et pour moins cher", tacle-t-il.
Une ouverture de jour et des travaux la nuit ?
Ce dernier n'espère qu'une chose : qu'on ne parle plus de ce tunnel au futur. Trop de retard a été pris et trop d'argent a été dépensé. "Je pense qu'il faut arrêter de vouloir ouvrir ce tunnel 'en mode chantier' avec des travaux la nuit. Parce que je sens que ça peut être un nouveau prétexte pour justifier d'autres retards. Mais pour cela, il faut mettre le nombre d'employés qu'il faut", explique celui qui s'était étonné du faible nombre de travailleurs dans le tunnel lors de deux visites en 2024.
"On se sent démuni face à tout cela. Parce qu'il y a eu des promesses faites bien au-dessus de nous et que nous n'avons aucun levier", poursuit Sébastien Olharan. En effet, le ministère français de la Transition écologique avait fixé l'ouverture à la circulation du nouveau tunnel à octobre 2023 pour une rénovation de l'ancien en 2025. Sauf qu'à l'aube de la nouvelle année, les deux tunnels sont toujours fermés.
On n'ose plus annoncer de dates à nos habitants
Sébastien OlharanMaire de Breil-sur-Roya
"Les gens se sont accrochés à ces promesses ! Ils ont investi ici, dans des commerces, en se disant qu'avec la réouverture, ils retrouveront de la clientèle. Mais non, ils se prennent des claques dans la figure", se désole l'édile. "Alors nous, on n'ose plus annoncer de dates à nos habitants. Parce que de toute façon, elles ne sont jamais tenues et on perd du crédit auprès d'eux", continue-t-il. En espérant, une fois de plus, que 2025 soit la bonne.