Alors que l'une des entreprises présentes sur le chantier est sous le coup d'une interdiction d'exercer, des négociations sont en cours pour que les travaux les plus urgents puissent continuer. Le nouveau tunnel de Tende doit relier la commune française à sa voisine italienne, Limone.
C'est un chantier qui n'en finit pas de connaître des retards et des rebondissements. Dans la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes), cela fait plus de dix ans que le nouveau tunnel de Tende, qui relie la France au Piémont italien, est en construction...
En lisant la presse italienne, les habitants de part et d'autres de ce tunnel ont sans aucun doute dû rire jaune !
Enquête de l'anti-mafia italienne
Cogefa, une des trois sociétés d'Edilmaco, le consortium italien en charge du chantier, est interdite d'exercer, car mise en cause par l'anti-mafia italienne. "Une nouvelle mauvaise nouvelle qui pourrait suspendre, à nouveau, pour une durée indéterminée, les travaux de liaison avec la France. L’interdiction entraîne la suspension des travaux", peut-on lire chez nos confrères italiens de La Guida. "Cogefa est sous le coup de l'enquête de la Direction des enquêtes anti-mafia de Turin".
Les liens avec la 'Ndrangheta concerneraient principalement le chantier de l'A32 Turin-Bardonecchia et remonteraient à plusieurs années. L'entreprise assure qu'il s'agit de "contacts occasionnels survenus dans le passé entre Cogefa SPA et des entreprises actuellement soumises à des mesures anti-mafia, révélés dans le cadre d'une enquête récemment menée par le parquet de Turin, dans laquelle ni Cogefa SPA ni aucun de ses dirigeants ou administrateurs ne sont impliqués ou sous enquête".
Cette mise en cause ne présume en rien du résultat de l'enquête, mais cela pourrait avoir des conséquences sur la poursuite du chantier du tunnel de Tende.
Des discussions en cours
Alors l'Anas, la société qui gère les routes italiennes, espère que les travaux effectués par Cogefa dans la vallée de la Roya ne seront pas suspendus. "Des discussions sont en cours entre Anas, les institutions et la préfecture de Turin afin de définir un parcours permettant la poursuite des travaux urgents et indispensables à la charge de l'entrepreneur, dans le respect de la mesure d'interdiction", écrit-elle dans un communiqué.
Car la loi italienne permet, dans une telle situation, à l'entreprise de continuer des travaux considérés comme urgents et qui ne peuvent être déplacés dans le temps. Le chantier du tunnel de Tende devrait théoriquement rentrer dans ce cas de figure.
Les deux autres sociétés du consortium Edilmaco présentes sur place, elles, ne sont pas concernées par cette procédure anti-mafia.
Mauvais souvenir
Ce n'est pas la première fois que le chantier du tunnel de Tende se retrouve sous les projecteurs de la justice italienne. En 2017, un autre scandale avait éclaté. L'entreprise qui avait décroché le marché, Fincosit, avait alors été mise en cause pour la disparition de 200 tonnes de matériaux d'une valeur totale de 100.000 euros. À l’époque, il ne restait plus que 1,5km à percer, mais tout s'était arrêté.
Jusqu'à ce que le consortium Edilmaco prenne en charge la suite des travaux.
La crise sanitaire du Covid-19 et la tempête Alex en 2020 avaient également mis des bâtons dans les roues de ce projet. Le coût des travaux, estimé à l'origine à 176 millions d'euros, affiche aujourd'hui 250 millions. La France finance à 42% ces travaux.
À cela devrait s'ajouter un nouveau surcoût pour les travaux de remise aux normes de l'ancien tunnel, chantier pour lequel Edilmaco s'est désengagé.
Pas de date officielle de réouverture
Le percement du nouveau tunnel de Tende, qui dure depuis une décennie, n'a toujours pas de date officielle de fin.
Lors d'une visite sur place début octobre, le maire de Breil-sur-Roya, Sébastien Olharan, avait listé dans une série de tweets (sur X) les "choses" encore "à faire".
1/5 Nouvelle visite du chantier du tunnel de Tende en présence des deux ambassadeurs du transfrontalier français et italiens.
— Sébastien Olharan (@SebOlharan) October 3, 2024
Les travaux ont fort heureusement avancé depuis ma dernière visite.
Toutefois, il y a pas mal de choses qui restent à faire. pic.twitter.com/vKxO0nE9dj
L'échéance de début 2025 a été évoquée mais je ne serais pas surpris que la livraison survienne plutôt au second semestre 2025.
Sébastien Olharan, maire de Breil-sur-Royasur son compte X