Plusieurs actions de blocage se sont déroulées ce jeudi 23 mars, dans les Alpes, au neuvième jour de mobilisation contre la réforme des retraites. Outre des barrages installés à Roussillon, dans le sud de Grenoble ou à Chambéry, des lycéens et des étudiants ont entrepris de bloquer leurs établissements.
Un nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites est organisée ce jeudi 23 mars. Une manifestation est prévue dans l'après-midi à Grenoble. Mais des premières actions ont eu lieu, plus tôt, en Isère et Savoie.
Dès le petit matin, des grévistes ont entrepris de mener des blocages dans nos départements alpins.
A Albertville, la route nationale 90 a été bloquée par les manifestants. D'après la CFDT, près de 7000 personnes se sont rassemblées dans les rues de la ville ce jeudi matin.
En tête de défilé, les organisations syndicales brandissaient une banderole déclarant "Non à la retraite des morts". Bertrand Chatain, saisonnier et pisteur secouriste aux Arcs, défile ce jeudi contre la réforme des retraites. Pour lui, partir à 64 ans est impossible car les pisteurs secouristes pratiquent un métier à risque dans des conditions difficiles.
Il souhaiterait qu'il y ait une reconnaissance de la pénibilité de son travail : "à partir de 60 ans, c'est beaucoup plus dur de travailler et de monter à 3000 mètres d'altitude, de travailler avec des explosifs pour les déclenchements d'avalanche, dans des tempêtes de neige, etc", dit-il. L'idée de devoir arrêter ce métier à 60 ans mais de devoir pointer au chômage ou trouver une autre occupation jusqu'à 64 ans lui semble difficile.
Rencontre entre élus et syndicats à la halle olympique d'Albertville
A 11h30, le cortège a pris la direction de la halle olympique où se déroule le congrès des maires de Savoie. Une délégation syndicale est reçue ce midi par les élus. Ils sont en discussion avec les maires de Valloire, Moutiers, Albertville ou encore Yenne.
Le courant a été coupé dans la halle où se trouvent environ 300 personnes, alors qu'avaient lieu les échanges entre élus et syndicats. Ces derniers ont déclaré que la coupure relevait sans doute "d'une action spontanée". Elle n'avait donc pas été préméditée par les organisations syndicales.
A Chambéry, la voie rapide bloquée
A Chambéry, la manifestation doit s'élancer à 14h, mais ce matin des grévistes ont bloqué la voie rapide urbaine, mettant le feu à des palettes servant de barrages.
Actions sur le campus grenoblois
Depuis le petit matin, des étudiants ont eux investi le campus de Saint-Martin-d'Hères. Ils bloquent les accès aux facultés à l'aide de poubelles. Ils ont notamment neutralisé les voies du tramway.
"Macron continue de s'entêter. Il passe en 49.3, il passe en force. Aujourd'hui on a durci le mouvement. On s'est dit qu'on n'allait pas juste bloquer les bâtiments mais plus largement le campus en allant bloquer les accès de tramway et les accès routiers pour aller discuter avec les automobilistes", indique Malo Warin, secrétaire du syndicat étudiant UEG.
"On réfléchit à tous les moyens d'action en restant le plus pacifiste possible, on l'espère, pour faire reculer ce gouvernement. C'est parfaitement compréhensible qu'on ait des violences qui se développent et des manifestations sauvages qui se créent et je pense que c'est dommageable pour le gouvernement", poursuit Malo Warin qui dit se mobiliser également pour la condition étudiante car les "conditions d'études se dégradent".
Des lycées bloqués
Plusieurs établissements de la métropole grenobloise ont été bloqués ce jeudi matin à l'appel notamment du syndicat "Isère Emancipation lycéenne". Il s'agit des lycées Stendhal et Louise Michel à Grenoble, mais aussi de Pablo Neruda à Saint-Martin-d'Hères.
A Pablo Neruda, le blocage a été suspendu. "Il y a eu quelques petits problèmes de feux de poubelles. Donc on a décidé de lever le blocus pour éviter qu'il y ait des heurts ou des lycéens blessés. Mais il y a un fort élan et les lycéens ont bloqué autant que c'était possible", indique le secrétaire général d'Isère Emancipation Lycéenne.
Un cortège d'élèves viendra grossir les rangs de la manifestation prévue ce jeudi à 14h à Grenoble.
"Nous on se bat aux côtés de nos parents et de nos grands-parents et aussi aux côtés des étudiants et étudiantes pour le retrait de cette réforme injuste et injustifiée, au regard des autres leviers qui existent pour financer le système de retraites. Il y a d'autres moyens que de faire payer aux plus pauvres et aux plus précaires", poursuit le représentant lycéen.
Blocage de la plateforme chimique de Roussillon, près de Vienne
Dans le nord du département, près de Vienne, des salariés de la plateforme chimique de Roussillon bloquent tous les accès depuis six heures ce matin.
Les trois points stratégiques d'entrée sont neutralisés : le rond-point d'accès à la plateforme et au port de Salaise-Sablons, le poste d'entrée des salariés et le point d'entrée sud où transitent les poids lourds. Personne ne peut donc accéder au site, à l'exception des salariés à pied.
"Plus Macron parle, plus il y a de personnes mobilisées. Je vois la différence avec le blocage de la semaine dernière, on était moins nombreux. Et il n'y pas que des salariés de grandes entreprises, d'autres personnes nous rejoignent et soutiennent le mouvement. On nous dit que 90% des salariés sont contre la réforme, et sur le terrain c'est ce que l'on ressent", indique Nicolas Callens, délégué CGT au sein de l'entreprise Hexcel.
Pour le syndicaliste, la détermination est forte. "Macron ne nous écoute pas, il refuse de parler avec les syndicats, il ment. Il dit que les syndicats ne proposent rien et ce n'est pas vrai. Cela fait des mois et des mois que l'on propose des choses. De l'argent, il y en a. Les entreprises du Cac 40 font des milliards d'euros de bénéfices. 150 milliards d'euros d'aides publiques sont distribuées tous les ans aux grandes entreprises dont la mienne. Il faut arrêter et prendre cet argent et le mettre dans les caisses des retraites", poursuit Nicolas Callens.
Les grévistes devraient ensuite se rendre cet après-midi à Vienne et à Annonay pour participer aux manifestations. Ils prévoient de nouveaux blocages demain, vendredi 24 mars.
Barrage filtrant sur la RN85
Au sud de l'agglomération, un barrage filtrant a été installé sur la RN85, à Champagnier. La circulation sur cet axe, toujours très fréquenté, était donc au ralenti entre Vizille et le Pont-de-Claix, dans les deux sens.
A 9h ce jeudi matin, Bison Futé enregistrait plusieurs kilomètres de bouchons et sur les webcams du réseau Itinisère, on pouvait voir une file de véhicules ininterrompue depuis la sortie de Vizille.
Retards indéterminés
En conséquence, la circulation des cars régionaux et départementaux s'en trouve également perturbée. Le réseau Itinisère alerte sur des retards indéterminés sur sept lignes de bus.