Marie-Thérèse Bonfanti a disparu le 22 mai 1986 à Pontcharra dans des circonstances jamais élucidées. Trente-cinq ans après, sa famille a obtenu la réouverture de l'enquête. Leur avocat, Me Boulloud, espère que la reprise des recherches libère la parole d'éventuels témoins.
En 1986, Marie-Thérèse Bonfanti, 25 ans, mère de deux enfants, disparaissait à Pontcharra (Isère), devant la maison Chatain, non loin de la gare. Cet après-midi-là, elle livrait des journaux dans un immeuble. Les circonstances de sa disparition demeurent mystérieuses, mais plusieurs éléments ont orienté les enquêteurs vers la piste criminelle.
"Elle sort de sa voiture, laisse les clés sur le contact et ouvre le coffre, prend le paquet, va le déposer. Il est environ 15h30 et plus personne ne l'a vue sortir, retrace Me Bernard Boulloud, l'avocat de la famille Bonfanti. Des témoins ont entendu un grand cri (...) des cris aussi intenses, ça ne s'oublie pas."
Trente-cinq ans après les faits, l'avocat de la famille, un spécialiste des affaires classées, recherche toujours la disparue. Il a épluché le dossier d'enquête, relevé des failles, décidé la justice à tout reprendre à zéro.
Car les investigations avaient été closes en novembre 1987 après plusieurs mois de recherches. Elles n'ont repris qu'en 2020 et ont conduit à l'ouverture d'une information judiciaire contre X pour enlèvement et séquestration. C'est dans ce cadre que des témoins vont être interrogés par la justice.
Plusieurs sites fouillés
"Il y a des gens qui étaient sur place, des locataires. Ils ont déménagé mais on a pu les relocaliser donc on va les entendre", ajoute Me Boulloud. Les locataires de l'époque, dont un ancien militaire un temps suspecté, seront à nouveau entendus par les gendarmes du groupe cold-case de la section de recherches de Grenoble.
A quelques centaines de mètres du lieu de la disparition, les fouilles ont recommencé. Plusieurs sites entourant les lieux supposés de l'enlèvement sont sondés, notamment par les militaires d'une unité de l'armée de terre. Les moyens modernes permettront de retrouver le corps s'il est enterré.
"Quand il y a toutes ces fouilles qui sont entreprises, ça peut réveiller certaines mémoires, estime l'avocat de la famille de la disparue. Ca va peut-être travailler certaines personnes qui savent quelque chose, qui ne l'ont jamais dit pour des raisons qui leur appartiennent mais qui vont se dire, avec l'âge, un petit peu plus de raison, qu'elles ne vont pas garder ce secret jusqu'au bout." L'avocat espère relier cette affaire à d'autres. En 1984 et 1985, trois autres jeunes femmes avaient disparu dans les environs.