Vendredi 2 octobre, Emmanuel Macron a annoncé la fin de l'instruction scolaire à domicile à partir de 2021, sauf, entre autres, "impératifs de santé". En Isère, de nombreux parents ne comprennent pas cette décision et déplorent une restriction des libertés dommageable pour leurs enfants.
Faire du français en lisant une recette ou des maths en cuisinant. Le quotidien d'Antonin, 5 ans et Mathéa, 8 ans, n'a rien à voir avec celui d'autres enfants. Pour cause, leur famille a choisi l'école à la maison. "C'est beaucoup plus amusant !" s'enthousiasme la fillette.
Sans contrainte horaire, mais avec une pédagogie rythmée par l'enfant et un apprentissage des matières transversal, l'instruction à la maison semblait être la meilleure solution pour les parents de ces deux enfants précoces, souffrant de troubles psychomoteurs : "Antonin a un retard de langage. Mathéa, elle, est dysgraphique sévère, c'est-à-dire qu'elle ne peut pas écrire, explique Anne-Flore, leur mère. Même s'il y a la loi de 2005 sur l'inclusion, c'est difficile actuellement pour les enfants qui ont des besoins particuliers, parce que l'école manque de moyens et qu'il y a beaucoup d'enfants en attente d'AVS qui ne peuvent pas être scolarisés. Leur situation est trop compliquée à gérer en école."
50 000 enfants concernés
Vendredi 2 octobre, Emmanuel Macron a annoncé, lors de la présentation de son plan d'action pour lutter contre les séparatismes religieux, que l'instruction scolaire à domicile sera, à partir de la rentrée 2021, "strictement limitée, notamment aux impératifs de santé". Dès l'âge de 3 ans, l'enseignement deviendra donc obligatoire au sein de l'école. Un coup de tonnerre pour les parents qui ont fait le choix d'assurer eux-mêmes l'éducation de leurs enfants, dont 50 000 sont concernés en France. Grégory Misonne, de l'association Les enfants d'abord, ne cache pas son inquiétude : "J’ai un fils avec qui on a essayé l’école durant trois ans. Mais, petit à petit, on sentait que sa curiosité naturelle, que son envie d’apprendre était en train de diminuer. Le fait de le reprendre à la maison à tout changer. Le système classique ne lui convenait pas."
"On a envie de se rassembler"
"Je pense qu'il y sûrement d'autres solutions pour récupérer certains enfants soumis à endoctrinement", souligne Xavier, le père de Mathéa et Antonin, qui déplore une atteinte aux libertés, tant que l'enseignement à la maison se fait dans le respect de la loi. Chaque année, le couple est contrôlé par un inspecteur académique.De nombreuses pétitions circulent actuellement en ligne pour demander le retrait de cette réforme (change.org, mesopinions, apprendsmoi...). Pour l'heure, les parents concernés n'ont pas encore de recours précis en tête. "Tous les parents dans ce cas-là sont inquiets. On a envie de se rassembler, de parler d’une seule voix, assure Grégory Misonne. On va bien étudier l’amalgame entre les différentes choses, pour savoir ce qui pourrait aider."