La quatrième édition du salon de l’escalade, qui a eu lieu ce samedi 30 septembre et dimanche 1er octobre à Grenoble, a mis l’accent sur la durabilité et la réparabilité des matériels : harnais, chaussons ou encore prises… Plusieurs outils sont désormais fabriqués dans une optique de recyclage, pour une discipline qui rejetterait près de 500 tonnes de déchets annuels, en France.
L’escalade génère "500 tonnes de déchets annuels en France au bas mot", affirme Nina Gouze, fondatrice de l'association Clean Climber France. 150 tonnes pour les chaussons, 100 tonnes pour les cordes, 260 tonnes pour les matelas de réception ou encore 9 tonnes pour les prises. Elle s'appuie sur les données communiquées par les fabricants, "par leur évaluation de marché, leurs statistiques sur les ventes annuelles".
Celle qui se décrit comme une grimpeuse et une militante zéro déchet raconte qu'en travaillant dans un magasin d’équipement d’escalade, elle s’est rendue compte de la méconnaissance des grimpeurs sur "le stade d’usure de leurs matériels". Par ailleurs, il y avait un manque sur la possibilité de recycler ces derniers. En 2018, l'idée de créer la première filière de recyclage de chaussons germe. Elle va se lancer dans ce projet en 2021 avec une équipe de bénévoles.
Lors du salon de l'escalade, fin septembre à Grenoble, la durabilité et la réparabilité étaient au cœur de la quatrième édition de ce rendez-vous européen du secteur. Plusieurs fabricants ont présenté des matériels recyclés, comme un harnais 100 % polyester réutilisé. Son revendeur explique : "Le fait de les prendre en matière recyclée, c’est évidemment un bénéfice pour limiter l’extraction des ressources."
Une filière de recyclage de chaussons
Des chaussons avec des semelles changeables, des prises composées en bouteilles recyclées avec du chanvre et fabriquées à une trentaine de kilomètres de Grenoble... Les fabricants d’escalade se mettent au vert petit à petit. Clean Climber France pousse les différents acteurs dans ce sens. Nina Gouze, invitée du salon pour présenter les actions de l'association, raconte : "J’ai entièrement constitué une filière d'excellence en France, avec des partenaires qui sont des acteurs majeurs du marché. Ensuite, on est allé chercher des industriels. On travaille à faciliter la mise en relation entre des fabricants qui vont avoir des déchets de production et des acteurs de l'ESS (Économie sociale et solidaire, ndlr) pouvant utiliser ces déchets comme des matières premières".
Pour illustrer ses propos, la présidente de l'association prend pour exemple deux entreprises de fabrication de corde, mises en relation. L'une récupère les chutes de corde de l'autre afin de fabriquer des nouveaux produits.
Recycler pour une pratique en expansion
Eric Hatesse, le directeur du salon de l’escalade, rappelle qu’il existe "un cadre réglementaire, qui oblige aujourd’hui les industriels à récupérer une partie des productions pour les revaloriser, les recycler ou autre." Par ailleurs, sur le plan de la communication, il estime qu'il "est difficile aujourd’hui quand on est une marque de ne pas du tout se préoccuper des choses. Ça va dans le bon sens."
Stratégie marketing ou non, dans les allées, les visiteurs sont plutôt séduits par cette tendance du marché de l’escalade. "C’est un milieu qui est de base très naturel. Le matériel qu’on peut utiliser, si ça peut avoir un impact moindre pour la planète, c’est important", raconte un passant.
Ce focus sur l’impact environnemental de l’escalade se fait dans un cadre d’expansion de la pratique. Ces dernières années, des dizaines de salles d’escalade ont fleuri partout en France. En 2023, la Ligue Auvergne Rhône-Alpes compte près de 25 000 adeptes de la grimpe.
"Il y a un énorme boom de l'escalade urbaine avec des pratiquants qui sont dans des salles en ville. C'est une pratique qui est en progression permanente", témoigne Nina Gouze. Dans ce contexte, Clean Climber France étend ses points de collecte sur le territoire national. Le premier point en Île-de-France, installé en juin 2023, a été rejoint par six autres plateformes de recyclage dans la région parisienne. "L’ambition de l'association, est d'atteindre les 50 à 80 points de collecte à minima d'ici fin 2024", indique-t-elle.