Dans son livre "Alain Carignon est un homme libre", l'ancien maire de Grenoble y annonce sa candidature aux élections municipales de 2020 et répond aux questions "que les Grenoblois [lui] posent".
Comment incarner un avenir à 70 ans ?" C'est la question qui ouvre le livre d'Alain Carignon. Sur une page, l'ancien maire de Grenoble (1983-1995) y détaille son parcours en politique, ses reponsabilités et son emprisonnement, en 1996, pendant 2 ans et 7 mois pour abus de biens sociaux et usages de faux. "Mes erreurs m’ont protégé de la bien-pensance et d’un conformisme bourgeois", écrit-il. "Ministre, président du conseil général, ou en prison j'écris ma vie et reste connecté aux changements du monde. Mon âge et mes 70 printemps ne sont que la conséquence de toutes ces expériences accumulées dans la joie et dans la peine. [...] J'ai cette expérience unique et je ne crains rien ni personne."Une condamnation sur laquelle il revient à plusieurs reprises et qui fait l'objet de la deuxième question de son livre : "Que répondez-vous à ceux qui disent que moralement vous n'avez pas le droit de vous présenter ?" Alain Carignon répond : "Par expérience ceux qui parlent le plus de morale sont ceux qui en ont le moins. [...] J’ai payé mes fautes, j’en ai tiré les conséquences, et la leçon. Comme je ne lui ai rien volé, je n’ai été condamné à rien rembourser à la ville de Grenoble contrairement aux demandes de mes adversaires politiques. Je n’ai pas de dette à l’égard de la société."
Une dernière élection avant de raccrocher
Dans son livre d'une soixantaine de pages, l'homme politique détaille une partie de son programme pour les municipales de 2020, qu'il briguera sous l'étiquette "société civile", et non Les Républicains :- Installation de son bureau de maire dans un HLM vide de la galerie de l'Arlequin à Villeneuve. Objectif : réimplanter des services municipaux dans les quartiers.
- Lutte contre la délinquance : caméras, PC opérationnel 24h/24, expulsion des dealers condamnés, critère de tranquillité publique dans l'attribution des logements, signalement aux services fiscaux des grosses cylindrées dans les quartiers, etc..
- Faire de Grenoble un modèle écologique européen (colline de la biodiversité à la Bastille, moratoire sur la bétonisation de la ville, lancement du nouveau transport urbain à propulsion électrique et solaire, le monorail de type supraways, téléphériques vers le Vercors et vers Chamrousse).
- Réduire la pollution de l'air et améliorer la desserte ferrée de la ville (création d'un réseau dense de TER et RER, relancer une ligne Grenoble/Nice).
- Lancer un grand plan social de sortie de la pauvreté.
Il en profite également pour tacler Eric Piolle, un maire qui n'"écoute pas" les Grenoblois. Invité du 19/20 de France3 Alpes ce lundi, Alain Carignon en rajoute une couche : "C'est un maire écodogmatique alors que nous voulons aujourd'hui un maire écoresponsable. C'est facile de décider ; ce qui est difficile, c'est de mesurer les conséquences de ses décisions et de les prendre en compte à l'égard de tous ceux auxquels elles s'appliquent de façon qu'ils n'aient à subir aucune conséquence dans leur vie quotidienne à l'égard de leur santé ou en les appauvrissant."
©France3 Alpes
De retour à la vie politique depuis 2003, Alain Carignon se représente donc de nouveau devant les électeurs grenoblois. Une dernière élection avant de raccrocher, écrit-il dans le préambule de son livre. "Je sais combien l'image de l'homme politique est mauvaise, car détériorée par les promesses non tenues, les affaires, les retournements de vestes et les compromis. Aujourd'hui, la parole politique ne vaut pas cher. Pour ma part, je détiens un record peu enviable : celui de la plus longue période de détention pour un homme politique. Chacun d'entre-vous peut donc se poser la question : qu’est-ce que Alain Carignon vient encore faire dans la vie politique ? [...] À 70 ans, avec mon parcours et toutes mes expériences — mes bonnes et mes mauvaises — j’ai la prétention de remettre cette ville debout. Ce sera ma fierté et mon dernier tour de piste."