Les cantines grenobloises font décidément souvent la Une. Ce mardi 11 décembre, c'est l'ambiance déserte des réfectoires qui a fait grand bruit. Agents d’entretien, ATSEM et animateurs ont fait grève pour protester contre leurs conditions de travail et de rémunération.
Un exemple pour tous ? Les cantines de Grenoble ont reçu, début novembre, le "prix de la cantine rebelle". Un titre pour saluer les efforts de la Ville. Car les écoliers du coin ont de quoi se réjouir. Dans leurs assiettes, ils trouvent 50% d'aliments bio et locaux, et ont le droit par dessus ça, à plus d'un repas végétarien par semaine. "Oui, c'est possible !", scande avec enthousiasme le maire, Eric Piolle, sur une vidéo Brut :
La municipalité en a même fait son cheval de bataille aux municipales de 2014. Engagement respecté ! Sur le papier, les Alpins peuvent être fiers : ils respectent déjà la loi, bien avant l'échéance. (D'ici 2022, toutes les cantines scolaires en France devront respecter ce seuil des 50% d'aliments biologiques.) Oui mais... les assiettes ont beau être vertes, tout n'est pas rose dans les réfectoires grenoblois.
Blouses bleues, colère noire
Car en cuisine, les blouses bleues broient du noir. Si les objectifs municipaux sont honorables, les conditions d'applications le seraient moins. Ce mardi 11 décembre, Agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM), animateurs et agents d'entretien ont décidé de ne pas se rendre sur leurs lieux de travail soit 77 groupes scolaires. 11 000 écoliers laissés sur le carreau pour dénoncer un ras-le-bol. "On nous demande d’en faire toujours plus, nous sommes épuisés et on nous harcèle quand on tombe malade... Les arrêts-maladie ne sont pas remplacés, les autres doivent assumer la surcharge de travail... nous subissons la pression managériale. Nous ne sommes pas respectés", dénonce le syndicat Sud dans un communiqué. "Elles ont raison de s'énerver et de faire grève, même si ça nous embête", déclare une mère ce matin, à l'école Jules Ferry. Les personnes rencontrées par France 3 Alpes aujourd'hui regrettent un pêle-mêle de contrats parfois précaires, des arrêts maladies non remplacés et des emplois du temps morcelés avec pour certaines des journées à rallonge. "Aucune reconnaissance, aucun statut social", se désole Sabrina Kirane, agent ATSEM depuis 17 ans.Compétences de l'Etat, répond la mairie
La mairie, bien embêtée, explique elle ne pas avoir les compétences pour régler l'affaire. Le statut de ces agents territoriaux est encadré par l'Etat. 35 postes d'animateurs référents ont été d'ailleurs contractualisés selon Maud Tavel. "On peut travailler sur des contrats qui correspondent à l'année scolaire, on a réussi à le faire pour une partie des animateurs référents, on continue. Il faut qu'on se penche sur le temps de travail. Même pour des agents contractuels, il faut que l'on ait des contrats à temps quasi complet", déclare l'adjointe en charge du personnel à Grenoble. Cette dernière promet de plancher sur le statut des agents d'entretien et des ATSEM dans les jours à venir, et de recevoir les organisations syndicales début 2019.