Grenoble se réduit-elle à l’image d’insécurité qui lui colle à la peau ? Deux enseignants-chercheurs à Grenoble Ecole de Management ont mené l'enquête. Et nous livrent leurs premières conclusions.
Grenoble souffre de sa réputation de ville violente où l'insécurité domine. Mais la ville se réduit-elle à cette image ? Et quelles évolutions se profilent ? Pour le savoir, Thibault Daudigeos et Frédéric Bally, tous deux enseignants-chercheurs à Grenoble Ecole de Management ont mené l'enquête. Ils ont analysé 7 500 articles de presse issus de journaux nationaux (Le Monde, Libération, Le Figaro, Les Echos…), et internationaux, de 1945 à 2019.
Une image de violence qui prend le dessus
Si les questions de sécurité sont omniprésentes depuis la fin de la deuxième guerre à Grenoble, 2010 marque un tournant avec le discours de Nicolas Sarkozy, en juillet, sur les violences urbaines. Ce discours, largement relayé au plan médiatique, a stigmatisé la ville. "A partir de ce moment-là, les faits-divers relayés par la presse sont plus nombreux, les articles sur la violence explosent", note Thibault Daudigeos. En 2018, Grenoble sera même comparée à "un Chicago français".
Vers une évolution plus positive
Mais alors que la ville est stigmatisée en France et que le sentiment d'insécurité des Grenoblois grandit, hors de nos frontières, Grenoble n'est pas du tout perçue de la même façon. A l'international, l'image est plus positive et la ville est associée à la montagne et au sport... au rugby notamment pour les Anglais ! Grenoble jouit aussi d'une belle réputation en ce qui concerne la recherche, l'innovation et le dynamisme économique.
Deux événements survenus en 2020 pourraient bien faire évoluer l'image de la ville en France : la campagne des municipales et l'élection de Grenoble capitale verte européenne. Depuis, la capitale des Alpes apparaît de plus en plus comme un laboratoire de solutions du futur pour l'environnement. "Et des nouveaux thèmes sur la qualité de vie avec des mots clé comme vélo, forêt, montagne... qui étaient absents de la presse française depuis les années 90 refont surface", constate Thibault Daudigeos.
Grenoble aura-t-elle bientôt une nouvelle réputation ? Celle d'une ville où il fait bon vivre... Pour Alternatives Economiques, c'est déjà le cas. Le magazine a publié en février 2020 un classement décrit comme “alternatif”, pour mesurer la qualité de vie dans les villes de plus de 50 000 habitants. Et Grenoble arrive en tête devant Nantes et Bordeaux.
Revoir l'interview de Thibault Daudigeos, enseignant-chercheur à GEM, réalisée par Marie Michellier sur le plateau du journal de France 3 Alpes le 28 décembre 2020.