Coronavirus COVID 19 : "plus que 2 jours de masques" et plus de surblouses pour les ambulanciers privés à Grenoble

REPORTAGE. Les ambulanciers privés isérois viennent de recevoir une dotation exceptionnelle du CHU de Grenoble-Alpes : 1200 masques chirurgicaux à se partager dans tout le département. De quoi tenir deux jours seulement.

 

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"On se protège comme on peut, mais le peu qu'on a fond à vue d'oeil", explique Sandrine Ferrari. Elle est ambulancière diplomée d'Etat, c'est-à-dire que c'est elle qui se tient à l'arrière de l'ambulance, à côté des patients. En contact direct avec des cas quasi certains de COVID 19. En en ce moment, ils interviennent sur 7 à 8 suspicions par jour. 

Depuis ce matin nous, suivons Sandrine et son collègue. On plutôt nous essayons, car le rythme est soutenu. Nous sommes partis à toute vitesse du dépôt de Saint-Martin-d'Hères. Nous voilà devant une maison, dans une commune de l'agglomération de Grenoble. Une intervention mandatée par le SAMU 38 pour un homme en détresse respiratoire. 

Cet Isérois de 42 ans, sans antécédent médicaux, a ressenti une oppression dans la poitrine, son souffle est court. Il a tous les symptômes du COVID 19. Il faut de toute urgence le transporter au CHU de Grenoble - Alpes. Mais avant d'entrer chez lui, de l'asculter et de l'installer dans leur véhicule, les ambulanciers suivent un protocole bien précis. Ils remplaçent leur masque chirurgical par un FFP2, mettent une charlotte et des gants, enfilent une surblouse en plastique. 

Cet équipement, ils doivent en changer à chaque intervention. Le problème, c'est qu'il ne leur reste plus de surblouses et très peu de masques. Et on leur dit que le pic de l'épidémie est pour dans quelques jours... Alors ils font "durer" les masques chirurgicaux, un par jour au lieu des deux conseillés par le CHU. 

"Comment on va faire quand on aura plus rien, on mettra nos propres tenues ?" Sandrine parle de son ensemble bleu marine, celui de l'entreprise qui l'emploie. Car Sandrine travaille pour une société privée grenobloise. L'Isère en compte près de 70.

Depuis le début de l'épidémie, 70% de leur activité est dédiée au coronavirus, via le SAMU 38. 

Nous suivons l'ambulance jusqu'aux portes des urgences. Le brancard s'engouffre et disparaît de notre vue. Quelques minutes plus tard, Sandrine ressort avec son collègue. Le patient va se soumettre aux premiers tests. Ils sauront peut-être s'il était "COVID positif". Bien souvent, les ambulanciers revoient les malades lorsqu'ils les ramènent chez eux. 


La peur d'attraper le virus


Petite pause sur le parking des urgences avant de repartir, il faut désinfecter l'ambulance de fond en comble. "On a peur, oui", poursuit Sandrine. "Et on a la colère aussi, parce qu'on nous dit que le matériel va arriver, mais il n'arrive jamais. On a plus rien !". 

La veille, les sociétés d'ambulances privées ont reçu une dotation exceptionnelle de 1200 masques chirurgicaux, à se partager dans tout le département. L'équivalent de deux jours par ambulancier. Et pour le moment il n'y a pas d'autre livraison annoncée. 

Le patron de Sandrine, Nicolas Macaire, "n'en veut à personne". Nous le retrouvons au pool des ambulanciers, sur le parking du CHU. "On est tous dans le même cas", explique-t-il. "Au départ, le SAMU nous distribuait des kits pour les COVID, avec des FFP2. Maintenant on a plus que deux masques chirurgicaux. Et le SAMU vient de nous dire qu'il n'a plus rien". Le gérant craint de ne plus avoir d'équipement du tout. Les salariés pourraient alors invoquer leur droit de retrait. En attendant une société de Saint-Martin-d'Hères leur a donné des combinaisons de peintre. 


Des dotations du SAMU décidées par le CHU


C'est le SAMU 38 qui leur donne le matériel, mais avec l'aval du CHU de Grenoble - Alpes. Chaque jour, il fait le point sur les stocks, c'est un des buts des cellules de crises territoriales qui se tiennent chaque jour et qu'il pilote. "C'est vrai qu'on est pas en capacité de donner de nombreux masques", explique Edouard Douheret, le Directeur des achats, des équipements et de la logistique du CHU. "Mais notre position d'établissement support fait que nous avons toutes les informations sur le secteur, et nous ne laisserons pas une pénurie s'installer". 

Des paroles rassurantes. Le CHU lui-même ne dispose que de 10 jours de masques chirurgicaux. Les FFP2 sont réservés au personnel qui effectue les tests de dépistage et donc les prélèvements. Une nouvelle dotation pourrait donc arriver très bientôt, surtout si le pic survient. "On sent bien que les stocks nationaux sont en train d'être débloqués" assure encore Edouard Douheret. 

Concernant les surblouses, une commande est en cours, mais elle sera réservée au SAMU. Rien de prévu pour les ambulanciers privés. 

 
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