Pour l'infectiologue du CHU Grenoble-Alpes, la métropole grenobloise risque de voir le nombre de cas graves augmenter si de nouvelles mesures ne sont pas prises, même s'il est encore trop tôt pour juger de l'efficacité des décisions préfectorales de vendredi 25 septembre.
La métropole grenobloise n'est encore que classée rouge, en alerte renforcée, mais les indicateurs s'affolent. Sur trois critères à cocher pour passer en zone d'alerte maximale, elle en a déjà dépassé deux - un taux d'incidence supérieur à 250 et un taux d'incidence chez les plus de 65 ans de plus de 100.
Quant au dernier critère (30% de lits de réanimation occupés par des patients Covid-19), "je ne vois pas ce qui va empêcher de le passer à court ou moyen terme", a estimé sur le plateau de France 3 Alpes Olivier Epaulard, infectiologue au CHU Grenoble-Alpes. Un classement en zone d'alerte maximale ouvrirait alors la porte à un nouveau tour de vis sanitaire dans l'agglomération.
Doit-on forcément en arriver là ? Pour Olivier Epaulard, il serait déjà bon de "voir si les mesures prises par le préfet la semaine dernière portent leur fruit".
De plus en plus de cas "si on ne fait pas mieux"
Le 25 septembre, le préfet de l'Isère avait notamment annoncé la fermeture des bars grenoblois à 22h, l'interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes sur la voie publique, ainsi que le port du masque généralisé sur l'ensemble des cinq communes de Grenoble, Saint-Martin-d'Hères, Fontaine, Echirolles et EybensLa dynamique lente de la maladie empêche encore un premier bilan de ces mesures, qui prouveront leur efficacité d'ici une semaine environ selon Olivier Epaulard.
Ce jeudi 1er octobre, Eric Piolle s'est entretenu avec le Premier ministre Jean Castex au sujet de potentielles nouvelles mesures sanitaires. La veille, le maire de Grenoble avait regretté un manque de "cohérence" de la part du gouvernement, et demandait à mieux connaître les profils des malades en réanimation, ainsi que leurs lieux de contamination, afin de prendre des mesures mieux ciblées.
Des mesures qui risquent de devenir indispensables. A Grenoble, "actuellement, l'épidémie est génératrice de cas graves. Si on ne fait pas mieux, ça va monter", prédit l'infectiologue. Et il sera alors "légitime de passer à des mesures proches de celles appliquées à Marseille".
30 à 50% de progression vers une forme grave en moins
Olivier Epaulard souhaite cependant rassurer dans le domaine hospitalier : "C'est la même maladie qu'on connais depuis mars, mais la prise en charge a évolué et permet de limiter la progression vers des formes graves." Notamment grâce à des traitements immuno-modulateurs, qui permettent de limiter une réaction immunitaire disproportionnée.De plus, "une fois que les patients sont admis en réanimation, on ne fait plus d'intubation immédiate, et on utilise d'autres techniques pour la retarder", précise l'infectiologue. Une intibuation peut en effet être violente pour un corps aux poumons très fragilisés. "C'est une technique qui n'est pas du tout physiologique, et qui injecte de l'air par sur-pression", c'est-à-dire en forçant de l'oxygène dans les poumons. Soit l'inverse de la respiration naturelle, qui pompe de l'air par dépression.
Grâce à la combinaison de ces différentes techniques, les patients hospitalisés au CHU Grenoble-Alpes sont "30 à 50%" moins nombreux à progresser vers une forme grave de la maladie, estime Olivier Epaulard.
Mais cette meilleure prise en charge améliorée ne fera que retarder la saturation du système hospitalier si les chaînes de contamination ne sont pas brisées en amont. A Grenoble, les patients hospitalisés pour cause de Covid-19 sont plus nombreux chaque jour.