Le Zimmerman, bar très prisé du centre-ville de Grenoble, va fermer définitivement ses portes. Gil Petrizzelli, le patron, ne supporte plus l’incertitude qui règne depuis le début de la crise. A quelques jours de la fermeture, il vend à emporter ses stocks d’alcool aux passants.
"Tenez les gars, c’est pour moi. C’est la dernière occasion de vous payer un canon !".
Derrière son comptoir de fortune installé devant le bar, Gil Petrizzelli tend deux gros gobelets à ses habitués. Le jeune homme garde le sourire, mais au fond, il est épuisé par la crise sanitaire et ses conséquences sur son affaire. "Ce bar, c’est tout mon temps, toute mon énergie. J’en ai marre de l’inconnu, d’être là à attendre sans rien faire. Je n’ai plus la tête à stresser du futur".
Las, il a pris une décision radicale : fermer définitivement les portes du Zimmerman. Ce bar, situé rue de Lionne et prisé des étudiants, fonctionnait très bien avant l’arrivée du virus. Tendance et bien situé, il faisait le bonheur des fêtards grenoblois.
"Ils font des super bons cocktails puis c’est un bar sympa, confirme une jeune habituée croisée devant l'établissement. Dans la communauté étudiante, c’est un bar qui est très apprécié". "Ce qui était bien, c’est qu’on connaissait tout le monde, ajoute un autre client. Même si on venait seul, on savait qu’on allait trouver quelqu’un à qui parler. C’était vraiment comme à la maison quoi !"
Pourtant, tout avait si bien commencé. Il y a cinq ans, Gil a investi toutes ces économies dans ce bar, qui était autrefois un PMU. "C’était vraiment un bar à l’ancienne. Et quand je suis rentré dedans, je suis tombé amoureux car il avait un cachet fou".
Vente de bouteilles à emporter
Mais la crise sanitaire l’a fauché en plein élan. Le trentenaire, qui travaille dans les bars depuis qu’il a 16 ans, jette l’éponge.
A quelques jours de la fermeture définitive, il a installé les bouteilles de son stock sur son petit comptoir. "Je vends tout au rabais pour que les gens en profitent un peu, glisse-t-il. Je fais encore quelques jours de ventes à emporter mais après j’arrête". "Oh non !" répond une cliente, l’air désolé. "Mais on se recroisera, j’habite à côté", lui répond le barman. "Oui mais moi, ça m’attriste" conclut la passante, émue.
Face à ses anciens clients désolés, Gil ne se démonte pas. Il est prêt à tourner la page et préfère rester philosophe pour ne pas oublier les beaux moments passés dans le Zimmerman. "Le plaisir de croiser les gens et de sentir qu’on fait partie de leur vie et qu’ils font partie de la nôtre aussi, c’est ce que je retiendrai. Ça restera toujours".
Ci-dessous, retrouvez le reportage de JC. Pain et D. Borelly tourné au Zimmerman avant sa fermeture :