Covid-19 : le nombre de patients hospitalisés à Grenoble dépasse le seuil atteint au printemps

Près de 200 malades du Covid-19 sont hospitalisés à Grenoble, selon les chiffres communiqués ce jeudi. C'est davantage qu'au printemps dernier, au plus fort de la pandémie. Les établissements hospitaliers sont sous tension.

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Un nouveau cap a été franchi dans l'épidémie de Covid-19. Territoire relativement épargné au printemps dernier, le bassin grenoblois est désormais frappé par une résurgence du coronavirus qui surpasse les seuils atteints lors de la première vague. Pour preuve, des chiffres des hospitaliers pour le moins inquiétants.

Le nombre de patients admis dans les établissements hospitaliers a presque triplé en un mois. On en comptait 72 le 28 septembre dans tous les hôpitaux et cliniques de Grenoble, ils sont 198 au jeudi 22 octobre. A titre de comparaison, le nombre d'hospitalisations n'avait pas dépassé les 130 pendant le confinement. Même constat en soins critiques - service de réanimation et soins intensifs - où 62 patients sont hospitalisés à ce jour, c'est 40 de plus qu'il y a un mois. Et 14 de plus qu'au plus fort de l'épidémie, en avril.

La gestion de cette seconde vague épidémique s'annonce ardue pour les soignants grenoblois. Car cette résurgence du Covid-19 est sans commune mesure avec la situation du printemps dernier. "On est dans un moment plus compliqué où il n'y a pas de confinement, le nombre de cas hospitalisés va probablement rester tel qu'il est pour un long moment, estime le Professeur Patricia Pavese, cheffe du service des maladies infectieuses au CHU Grenoble-Alpes (Chuga). On a l'espoir que les mesures qui ont été prises récemment, notamment le couvre-feu à 21 heures, diminuent la transmission de ce virus en diminuant les relations sociales."

La tendance à l'augmentation des hospitalisations ne semble pas s'enrayer, mettant les établissements de soin sous tension. Contrairement au mode de gestion adopté au début de la pandémie, tous les hôpitaux et cliniques prennent aujourd'hui en charge des patients atteints du Covid-19. Les moyens s'étaient concentrés sur le CHU Grenoble-Alpes lors du confinement, seul hôpital à traiter les cas de coronavirus.

 

"On est dans l'anticipation"


Malgré cette nouvelle organisation, les capacités hospitalières arrivent à saturation. Le plan blanc a été activé voilà près d'un mois, ouvrant la voie à des déprogrammations d'opérations chirurgicales non urgentes pour libérer des lits. "On a été obligés de déprogrammer des interventions chirurgicales, comme ça avait été fait sur le territoire national la première fois. Cette fois de façon plus adaptée pour essayer d'être au plus juste, de continuer une activité pour les autres pathologies tout en ayant des ressources et des capacités pour les patients atteints de la Covid", explique la vice-présidente de la commission médicale d'établissement du Chuga, Véronique Equy.
 
Car les déprogrammations massives du printemps dernier ont eu des conséquences parfois graves pour les patients. "Cet été, on a vu réapparaître avec le déconfinement des patients aggravés de leurs pathologies, les patients qui avaient attendus d'être opérés étaient un peu plus grave au moment de leur intervention", ajoute Véronique Equy. Résultat, les services de chirurgie ont tourné à plein régime tout l'été.

Après des mois de mobilisation, les soignants sont épuisés. Certains sont même infectés par le coronavirus, c'était le cas de 90 personnels du CHU Grenoble-Alpes fin septembre, mettant les équipes sous tension. "On n'est pas dans la peur, on est dans l'anticipation (...) On essaye d'anticiper ce qui pourrait être un débordement de nos capacités. Pour ne pas se retrouver au pied du mur, il faut analyser les choses telles qu'elles se sont passées au mois de mars", tempère le Dr David Voirin, responsable de l'institut de chirurgie au Groupe hospitalier mutualiste de Grenoble.

Les perspectives ne sont pas réjouissantes à court-terme. "Les chiffres de patients hospitalisés du Covid sont au-delà du pic qu'on a connu au mois de mars et les courbes de l'Institut Pasteur nous disent qu'on ne va pas atteindre toute suite cette phase de plateau [stabilisation des hospitalisations, NDLR] que nous attendons tous", complète le chirurgien. Il faudra attendre trois semaines avant d'espérer voir la situation s'améliorer. Le temps nécessaire pour que les restrictions sanitaires, à l'image du couvre-feu qui vient d'être étendu à l'ensemble du département de l'Isère, portent leurs fruits.

 
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