Démission de Bouteflika : comment les franco-algériens de Grenoble ont fait leur "révolution du sourire"

L'Isère est l'un des départements français qui compte la plus forte diaspora algérienne. Alors quand la rue s'est soulevée à Alger, Grenoble n'a pas tardé à lui emboîter le pas. Les franco-algériens de l'Isère reviennent sur ces six semaines de manifestations contre un 4e mandat de Bouteflika.

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Beaucoup sont nés en Isère mais leur deuxième pays, c'est l'Algérie. Et quand les rues d'Alger se sont remplies de manifestants pour demander la démission du président Abdelaziz Bouteflika, la communauté Iséroise n'a pas tardé à emprunter le même chemin.

A Grenoble, depuis un mois et demi, des centaines de personnes se réunissent chaque semaine pour dire non à un quatrième mandat du chef de l'Etat algérien, effacé de la scène publique depuis des années par une grave maladie. "Président momie, stop !", "Pouvoir au peuple", "Algérie, pays des héros dirigé par des zéros", pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants qui scandaient : "Pouvoir assassin".
 


L'Isère est l'un des départements en France qui compte la plus forte diaspora algérienne. Selon les dernières données de l'Insee, 4,6% des enfants nés en 2015 dans le département ont un père né en Algérie. Qu'ils soient allés marcher dans les rues de l'Algérie ou bien restés à Grenoble, de nombreux membres de la communauté algérienne voulaient prendre part à ce qu'ils appellent leur "révolution pacifique".
 
"Sans violence, on peut renverser un gouvernement, assure Jamal Zaimia, franco-algérien membre de l'association "Algérie au coeur". Certains critiquent les manifestants en disant qu'ils font la fête. Oui, nous on fait la révolution en faisant la fête. C'est caractéristique de notre peuple." Né en France d'un père algérien et d'une mère française, tous deux artistes, Jamal Zaimia se dit "fils du FLN" d'une famille de "martyrs de la Révolution".

 

Le traumatisme de la décennie noire


Ses parents sont retournés "au pays" en 1961, juste avant l'indépendance, en pleine guerre d'Algérie. Lui est rentré vivre à Grenoble depuis 1996, la décennie noire du terrorisme qui a fait des dizaines voire des centaines de milliers de morts, marquant toute une génération d'Algériens. "Même en ces temps-là, on riait, on faisait des blagues aussi", se rappelle-t-il, prônant la force de l'humour contre la violence.

"C'est une tragédie qu'on a vécue. Tant de gens connaissent le prix du sang, ont vu des personnes s'entretuer, estime celui qui milite pour la mémoire croisée franco-algérienne au sein de son association. On a vécu ça dans notre chair, on est passés par là donc on n'a pas envie que ça recommence."
 

Les manifestants et les forces de l'ordre ont ce traumatisme du terrorisme en commun. Et c'est peut-être ça qui explique les scènes de fraternisation observées pendant ces manifestations. "On a vu des scènes extraordinaires où les gens applaudissaient les forces de sécurité. On voyait des gens du service de sécurité émus aux larmes en voyant ce peuple venir les embrasser", reprend Jamal Zaimia qui s'est rendu à Alger pour manifester.

 

"On va prendre le temps"


Pour lui, la "révolution du sourire" est désormais irréversible : "Le génie du peuple, c'est d'avoir marché pendant six semaines. Ils ont manifesté pacifiquement tout en étant tenaces, persistants." Maintenant, les manifestants ont obtenu gain de cause : après vingt années à la tête de l’Algérie, Abdelaziz Bouteflika a quitté le pouvoir mardi 2 avril. Des semaines d'immenses manifestations et les injonctions de l’armée auront finalement eu raison de sa volonté de conserver la présidence.

"La rue algérienne est devenue le nouvel acteur dans la vie politique algérienne [mais] on ne connaît pas grand-chose des intentions de l'armée concernant la gestion de l'après Bouteflika", souligne Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève.

Et les manifestants grenoblois, eux, qu'attendent-ils de la suite ? "La liberté, la justice, enlever tous ces gens corrompus", résume le franco-algérien Jamal Zaimia qui se veut rassurant : "Ca va se faire mais on va prendre le temps, ne pas tout balayer immédiatement." En attendant les Algériens promettent de continuer à défiler en masse pour obtenir la chute totale du "système".

 
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