Jeudi 10 octobre, le gouvernement Barnier a présenté son projet de budget pour l'année 2025. Il prévoit une mise à contribution des collectivités. 450 d'entre elles sont concernées par des prélèvements, dont les communautés de communes de Grenoble, Annecy, Chambéry ou encore Annemasse, pour des montants allant jusqu’à 154 millions d’euros.
"Ils font ce qu’ils savent faire chez Bercy, c’est-à-dire de l’impôt et du rabot. C’est le degré zéro du management et de l’imagination politique". David Lisnard, président de l'Association des maires de France n’a pas mâché ses mots.
Invité au 66ème congrès des maires de l’Isère, qui s’est tenu à Crolles ce 12 octobre, il s’est montré très remonté contre les mesures d’austérité annoncées par le gouvernement Barnier.
Pour rééquilibrer les comptes publics, le Premier ministre promet 60 milliards d’euros d’économies en 2025, dont 40 milliards de baisses de dépenses, parmi lesquelles 5 seront demandés aux communes, départements et régions. L'État compte même récupérer 2% des recettes des plus grandes intercommunalités.
Vers une augmentation de la taxe foncière ?
C'en est trop pour Henri Baile, président (les Républicains) de la Communauté de communes du Grésivaudan. "Je suis d’autant plus en colère que jusqu’à maintenant, chaque fois que l’état a été déficitaire, la communauté de communes du Grésivaudan a porté sa participation. Je prenais l’exemple de la gare de Brignoud, où pour ne pas perdre le travail qui avait été engagé et qui aurait dû être financé par l’Etat, la communauté de communes a mis 8 millions d’euros".
Le Grésivaudan perdra ainsi 1,4 million d'euros, soit un trou de 6 millions pour la Métropole de Grenoble. Dès lors, deux solutions : réduire drastiquement les investissements, au risque d'entraîner une récession. Ou augmenter la taxe foncière déjà en forte hausse cette année : + 30% à la Verpillière, en Isère, + 41% à Myans, en Savoie, et + 18% à Annecy et Saint-Julien, en Haute-Savoie.
"Le discours qui est de dire que ça ne touche que les gros, c’est faux. Ça va toucher les classes moyennes et les classes populaires dans les villes. Mais aussi tout le monde périurbain et rural", assure Eric Piolle, maire (les Ecologistes) de Grenoble.
Le gouvernement impose une baisse de budget de 6,5 milliards d'€ aux collectivités en 2025.
— Éric Piolle (@EricPiolle) October 11, 2024
Pourtant, les villes sont en première ligne face aux crises : climatique, économique, logement.
Cette décision est inacceptable, et impossible sans générer de fracture sociale majeure.
L’association Intercommunalités de France a réalisé une carte détaillant l’ensemble des prélèvements qui seront réalisés directement sur les recettes des collectivités. Environ 450 d'entre elles seraient concernées pour des montants allant de 0,8 à 154 millions d’euros. "Alors que les intercommunalités sont au pic de leur cycle d’investissement, les ponctions de l’État représenteraient jusqu’à 15 % de leur épargne brute, les obligeant soit à renoncer à leurs projets, soit à s’endetter lourdement pour honorer les marchés qu’elles ont signés" précise l'association dans un communiqué.
🔴 Intercommunalités de France révèle les montants estimés des ponctions sur les collectivités
— Intercommunalités de France (@IntercoDeFrance) October 10, 2024
👉 Les élus de l’association dénoncent une attaque sans précédent de l’État contre les budgets locaux.
🔗 https://t.co/0HkoIbabMu pic.twitter.com/sqQu49xlf9
Pour la métropole de Grenoble, l’association a calculé que la mise à contribution serait de 6 millions d’euros, 1,9 million pour le Grand Chambéry, ou encore 2 millions d’euros pour le Grand Annecy. "C'est énorme. Cela va conduire à des coupes budgétaires alors que nous avons besoin de transitions. Aucun respect pour les engagements pris, aucun respect pour les élus locaux" dénonce Denis Duperthuy, Vice-président du Grand Annecy aux Finances, sur le réseau social X.
Pour l'agglomération du Grand Annecy ce sont près de 2 millions d'euros de ponction des 2025. C'est énorme. Cela va conduire a des coupes budgétaires alors que nous avons besoin de transitions. Aucun respect pour les engagements pris, aucun respect pour les élus locaux. https://t.co/uA3HfPDBXI
— Denis Duperthuy (@denisduperthuy) October 11, 2024
Les départements et la Région aussi mis à contribution
À l’échelle de l’Isère, l’association annonce un prélèvement prévisionnel de 28,2 millions sur le budget du département. "Entre les transferts de l’Etat, et le coup de rabot fiscal, nous perdons 120 millions d’euros sur notre budget. On a des compétences pour les personnes âgées, handicapées, protection de l’enfance et allocataires du RSA. On va devoir faire des choix qui risquent d’être dramatiques", prévient Jean-Pierre Barbier, président (Divers droite) du département de l'Isère.
Le gouvernement reconnaît un des pires déficits de notre histoire.
— Jean-Pierre BARBIER (@JPBARBIERISERE) October 12, 2024
Il pointe du doigt très largement les collectivités. C'est faux. La part des Départements représente 1% de ce déficit.
L'État vit au-dessus de ses moyens depuis 50 ans. Les solutions sont locales !#Isère pic.twitter.com/89LAP4lJYk
À l’échelle des régions, Auvergne-Rhône-Alpes arrive en deuxième position des régions les plus fortement mises à contribution, derrière l’Île de France. La Région AURA pourrait contribuer à hauteur de 64,5 millions d’euros pour participer au redressement des comptes publics.