C'était sans doute la bataille la plus scrutée de toutes les Alpes. A Grenoble, le duel entre LREM et EELV a tenu ses promesses. Les deux partis terminent dans un mouchoir de poche. La campagne des Municipales s'annonce d'ores et déjà tendue et âprement disputée.
Au-delà de la bataille entre Nathalie Loiseau et Yannick Jadot, les têtes de liste de LREM et EELV, c'est bien celle entre le maire écologiste sortant Eric Piolle et sa rivale marcheuse Emilie Chalas qu'il fallait scruter à Grenoble. Une bataille qui a tenu toutes ses promesses.
Dans la capitale des Alpes, LREM arrive en tête avec 23,96 % des voix. Mais dans un mouchoir de poche avec seulement 538 voix d'avance sur EELV (22,36 %). Voilà quand même de quoi donner le sourire aux parlementaires "En Marche" plutôt crispés en début de soirée électorale dans les couloirs de la Préfecture. Sur le papier, et contre toute attente, la Mairie de Grenoble semble "prenable", l'an prochain, pour le parti présidentiel. Des Marcheurs qui, pour quelques-uns à l'image du député Jean-Charles Colas-Roy, saluaient l'excellent score des écologistes et insistaient sur la nécessité de "verdir" leur programme. Des Marcheurs qui, à l'unanimité, soulignaient surtout l'effondrement de la France Insoumise.
A Grenoble, avec moins de 9% des voix, la liste emmenée par Manon Aubry signe la contre-performance de la soirée. Elle est même devancée par le PS et par le RN. Un sérieux revers pour le parti, acteur majeur de la majorité municipale emmenée par l'écologiste Eric Piolle.
Eric Piolle, justement, est quant à lui arrivé fatigué et surtout "frustré" dans les salons dorés de la Préfecture. Frustré car, selon lui, une gauche unie et débarassée de ses querelles de clochers, aurait pu réaliser de bien plus choses à l'échelle nationale. Une leçon à méditer à dix mois maintenant des Municipales. Car EELV, La France Insoumise, Génération.s, le PS et les communistes représentent encore presque 50% des voix à Grenoble. Un socle très important et potentiellement victorieux s'il se présentait uni devant les électeurs en 2020.
#electioneuropeenne La grande frustration. Allemagne, Irlande, France: partout les européens veulent la justice sociale/climatique. Partout les humanistes sont divisés, bridant notre potentiel. Ici, à Grenoble, l'#ecologie change déjà la vie. Amis des biens communs: BIENVENUE !
— Éric Piolle (@EricPiolle) May 26, 2019
C'est justement là que réside tout le problème : réunir tout ce beau monde autour de la personnes d'Eric Piolle. Un pari que l'édile avait perdu en 2014 mais qui ne l'avait pas empêché d'être élu. Un pari qui s'annonce de nouveau très ardu. Les Socialistes, qui engrengent près de 10% des voix, pourraient se sentir ragaillardis. Les Verts, largement confortés, devront accepter de ne pas être hégémoniques. Quant à la France Insoumise, elle devra oublier ses vélléités d'indépendance sous peine de prendre le risque de disparaître.
Bref, d'un côté Eric Piolle doit désormais résoudre une équation mathématiquement très compliquée pour s'assurer une réélection. Mais de l'autre côté, LREM, qui semble ne disposer d'aucune réserve de voix nette à l'issue de ces Européennes, devra montrer qu'elle a bien compris le message des électeurs qui veulent plus d'écologie. Des actes et plus seulement des paroles.
Grenoble sera donc, l'an prochain, le théâtre d'une bataille tant sur le fond que sur la forme. Une bataille qui se gagnera sur les questions environnementales et sur la capacité à réunir. A unifier. Des thèmes bien dans l'air du temps, finalement. Reste à savoir qui d'EELV ou de LREM trouvera la meilleure des partitions...