L'alpiniste isérois Symon Welfringer et ses compagnons d'aventure Matteo Della Bordella, Silvan Schüpbach et Alex Gammeter ont bouclé une expédition de 35 jours au Groenland, au milieu d'un environnement et d'une faune des plus sauvages. Partis en kayak, ils sont venus à bout d'une paroi vierge de près de 1200 mètres de hauteur.
Quatre semaines, quatre copains et un objectif : grimper un sommet vierge au Groenland. Le tout avec une approche en kayak de mer. Voilà la dernière épopée de l'alpiniste isérois Symon Welfringer et de ses compagnons Matteo Della Bordella, Silvan Schüpach et Alex Gammeter.
Partis en juillet dernier, les quatre hommes se sont lancés dans une aventure de 35 jours en totale autonomie : "L'objectif de cette aventure était de s'immiscer au mieux dans la nature. L'ambition de la performance était d'ouvrir une voie en escalade sur un sommet encore vierge. Une paroi de plus de 1200 mètres avec des difficultés en escalade assez conséquentes", raconte Symon Welfringer, déjà auteur de plusieurs performances cette année.
Pour arriver à cette paroi, les aventuriers ont dû naviguer près de 450 km entre les icebergs de la côte Est du Groenland. Parfois dans des conditions difficiles : "En général, l'été au Groenland propose des conditions de mer et de météo assez calmes. Cette année, on a eu pas mal de tempête, pas mal de vent et de la glace présente dans beaucoup de fjords." D'autant plus qu'il a été difficile de se préparer à ce genre de situation.
Pour s'entraîner au kayak de mer, Symon Welfringer s'est, par exemple, exercé sur le lac d'Annecy : "Il y a un peu de vent à Annecy. Mais de manière générale, c'est un peu plus calme et ça manque d'icebergs", plaisante-t-il.
35 longueurs
Après un long périple sur les eaux glaciales du Groenland, les aventuriers arrivent le 3 août dernier dans le fjord de Skjoldugen, un lieu préservé, immaculé de toute activité humaine : "C'est un fjord très peu exploré. Seuls quelques grimpeurs avaient déjà ouvert des voies dans les alentours. La paroi vierge que l'on a voulu aborder était la plus grosse du fjord. C'était un bel objectif. C'était un endroit où tout était encore à découvrir, avec un gros potentiel que ce soit en escalade ou en alpinisme. Quand on est les premiers à découvrir ce genre de lieux, on se sent chanceux."
Les quatre hommes défont alors leurs embarcations, montent un camp de base et commencent à étudier le prochain défi qui les attend. Après trois jours de lutte dans la voie et dans des conditions difficiles, froides et venteuses, le quatuor vient à bout des 35 longueurs de la paroi pour atteindre le sommet du Droneren.
Dérèglement climatique
La performance sportive au rendez-vous, le voyage homérique est aussi l'occasion de découvrir un environnement et une faune des plus sauvages : "À la vue d'animaux comme des ours polaires ou des baleines, on se sent émus. C'est la première sensation. On a croisé l'ours à plusieurs reprises. Et à une occasion, il s'était montré assez agressif envers nous. Là, on a un peu plus paniqué et on a essayé de se protéger au mieux. On a évité le pire, mais ça reste un moment assez exceptionnel."
L'expédition a aussi permis au météorologue, basé à Grenoble, de constater les effets du réchauffement climatique : "On a observé un dérèglement climatique avec, un peu comme ici, des paramètres météo, comme le vent, la neige, les précipitations et le froid, qui augmentent de plus en plus. Tout est poussé vers le haut. Il n'y a pas forcément du plus chaud. C'est juste que les extrêmes sont poussés de plus en plus."
Malgré toutes les difficultés, Symon Welfringer pense déjà à l'après, à sa prochaine aventure : "Ces paysages, je les ai découverts. Désormais, la seule envie que j'ai, c'est d'y retourner pour explorer un peu plus. C'est ce qui m'attire : découvrir des endroits de plus en plus sauvages."