A l'occasion de la semaine européenne de réduction des déchets, le professeur de management Thibault Daudigeos analyse notre manière de gérer nos déchets. Une potentielle source d'innovation et d'emplois.
Un Français produit en moyenne 590 kg de déchets par an. Un chiffre qui a doublé en quarante ans et que la situation sanitaire actuelle pourrait encore faire grimper. A l'occasion de la semaine européenne de réduction des déchets, qui débute samedi et se poursuivra jusqu'au 29 novembre, Thibault Daudigeaos, professeur de management à l'école de management de Grenoble, fait le point sur nos capacités à gérer nos déchets.
Vous étudiez nos comportements en matière de gestion des déchets. Les déchets peuvent être utilisés comme ressource, c’est un premier constat.
On a mené une enquête, dans le cadre de la chaire territoires en transition, sur les start-ups sociales du territoire. On s’est aperçu qu’il y avait beaucoup de start-ups qui se basaient sur l’idée de réemployer les déchets pour en faire des ressources et pour produire autre chose à côté. Par exemple, il existe une entreprise qui essaie de mettre des consignes sur des bouteilles de verre pour les réutiliser plutôt que de les refondre.
C'est un terrain fertile pour la création d’entreprise, mais est-ce viable pour celles qui se lancent ?
C’est comme pour toutes les start-ups, c’est assez long : il faut trouver puis installer le business model. Ce qui est très important dans ces initiatives, c’est qu’elles arrivent à travailler en commun avec les pouvoirs publics, et notamment la métropole de Grenoble, qui a les clefs des réglementations pour leur permettre ou pas de trouver leur modèle économique. Il faut les accompagner, mais pas juste avec de la subvention. Il faut comprendre quel verrou réglementaire peut gêner ou pas l’expansion de ces entreprises.
Avec la pandémie, il y a des masques abandonnés partout. Ça pourrait être le point de départ d’une création d’entreprise par exemple ?
C’est un bon exemple. Il y a une obligation légale de jeter les masques chirurgicaux aujourd'hui en France, alors qu’il y a des collectifs qui montrent qu’on pourrait faire autre chose avec, en les lavant par exemple. Une activité pourrait se créer autour de ça, mais aujourd’hui il y a un verrou réglementaire qui existe. Donc on voit encore l’importance de travailler en commun entre les start-ups, les porteurs d’initiatives et les porteurs de la réglementation.
Il faut quand même que les alternatives restent simples pour les citoyens...
Tout à fait. Par exemple aujourd’hui on parle beaucoup des courses en vrac. Mais il y a un petit frein au changement de comportement : il faut être organisé pour prévoir ses bocaux et ses sachets à amener dans les magasins pour les remplir à nouveau. Il faut travailler sur le comportement et l’organisation pour rendre les choses plus simples. Il y a beaucoup à inventer technologiquement. Par exemple, pour remplir les bouteilles de shampoing ou de cosmétiques, il n’y a pas encore de système technologique qui rend très efficace ce re-remplissage de bouteille. Dans les grandes surfaces, cela crée de la saleté. Donc il y a un problème technologique à résoudre.