François Hollande, en dédicace à Grenoble : "Sur la laïcité ou l'immigration, Eric Piolle n'est pas en capacité d'être président de la République"

L'ancien président de la République François Hollande, en visite à Grenoble, a répondu aux questions de France 3 Alpes.
L'ancien président de la République François Hollande, en séance de dédicace à Grenoble le 29 novembre, a accordé une interview à France 3 Alpes. ©France Télévisions

Au cours d'une séance de dédicaces à Grenoble pour son dernier ouvrage, l'ancien président de la République, François Hollande, a accordé un entretien à l'un de nos journalistes, ce lundi 29 novembre. Il y est notamment question d'Eric Piolle, de la jeunesse et de la division de la gauche à l'aune de l'élection présidentielle.

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Ce lundi 29 novembre, François Hollande était à la librairie Arthaud de Grenoble pour la dédicace de son dernier livre "Affronter". L'ouvrage paru aux éditions Stock se veut comme un éclairage des grands enjeux de l'élection présidentielle à venir. 

La séance de dédicaces a attiré une centaine de personnes. À son terme, François Hollande a accordé un entretien à l'un des journalistes de notre rédaction. 

La première fois que vous êtes venu à Grenoble en tant que président de la République, c'était en 2012 pour un évènement tragique : la mort de Kevin et Sofiane. Pensez-vous que la société est de plus en plus violente, comme le disent de nombreux hommes politiques à l'approche de l'élection présidentielle ?

François Hollande : La société est violente quand elle n'est pas maîtrisée et quand les règles ne sont pas respectées. Effectivement, je suis venu il y a 10 ans pour voir des familles éplorées après deux lynchages qui s'étaient produits à Echirolles. La justice est passée ; les personnes qui ont commis ces actes atroces ont été condamnées. C'est aussi ça qu'il faut rappeler. Néanmoins, il y a trop de violences, trop de trafic dans les quartiers. C'est aussi ça qu'il faut mettre hors d'état de nuire. Et il faut le faire en respectant les valeurs et les principes de la République. Car, si nous cédons sur ces fondamentaux, nous ne sommes plus la France telle que nous voulons qu'elle soit.

Dans le livre "Affronter", vous livrez plusieurs messages d'espoir. Vous affirmez aussi votre volonté de transmettre. Et vous livrez une galerie de portraits de présidents et de candidats à la présidentielle. Parmi eux : Eric Piolle, le maire de Grenoble. Visiblement, vous n'approuvez pas sa vision de la laïcité

En tant que maire de Grenoble, Eric Piolle a pu faire des choix importants qui ont compté dans la ville. Sur ses positions, notamment la laïcité, la sécurité ou l'immigration, il n'est pas en capacité d'être président de la République. C'est ce qu'il lui a manqué dans la primaire des écologistes, et c'est ce qui lui aurait manqué s'il avait été candidat à la présidentielle. D'ailleurs, ça va aussi manquer en partie à Yannick Jadot.

Il faut que la République soit respectée partout sur le territoire. Il ne s'agit pas de remettre en cause la liberté religieuse. Je sais aussi qu'Eric Piolle a ses propres convictions, sa propre foi. La République la respecte profondément. En revanche, il ne faut pas que la religion prenne une place qu'elle ne doit pas avoir. Il faut que les règles soient connues de tous, et imposées à tous. 

En 2013, vous présentiez à Grenoble vos vœux à la jeunesse. Ce soir, nous voyons énormément de jeunes derrière vous. Des jeunes qui, pour la plupart, ne votent plus ou se détournent vers la droite extrême, voire l'extrême droite. Que pouvez-vous leur dire pour les inciter à avoir de nouveau confiance en la classe politique ?

À ma grande surprise, j'ai constaté que de nombreux jeunes venaient lors de cette tournée de dédicaces. Et ils ne viennent pas pour marquer un attachement, mais pour s'informer, comprendre ce qu'est devenue la politique. Car elle est devenue un grand désordre, une grande confusion. Les jeunes ne savent plus où sont les engagements. Les grands partis politiques se sont affaissés, il y a une multiplicité de candidatures, et il y a un pouvoir qui est représenté par un président qui n'a pas lui-même de parti politique véritablement.

Les jeunes ne cherchent pas de convictions car ils en ont, mais ils viennent chercher des lignes directrices, des lieux d'engagement. Voilà ce que je leur dis : si vous ne venez pas voter, les plus anciens imposeront leur hiérarchie de priorité. Je fais partie de cette catégorie, les plus de 60 ans. Et ce n'est pas nous qui devons imposer nos priorités en terme de solidarité ou de sécurité. C'est aux jeunes de s'affirmer sur la question climatique, éducative ou celle de la qualité de l'emploi. Il faut que les jeunes viennent voter et qu'ils s'engagent dans la vie politique. Je vois de la vitalité chez les jeunes, mais elle s'arrête à la lisière des associations. Ça ne va plus vers les partis politiques ou les syndicats. C'est ce biais-là qu'il faut franchir.

Une gauche unie pourrait-elle aider les jeunes à se tourner davantage vers les urnes ? La gauche va partir en ordre dispersé à cette élection présidentielle. Vous le regrettez ? 

Non, car la gauche a toujours été dispersée au moment de l'élection présidentielle. François Mitterrand a été élu alors qu'il y avait 5 ou 6 candidats de gauche. J'ai été élu alors qu'il y avait déjà Jean-Luc Mélenchon, des candidatures écologiste, trotskiste... Ce n'est pas le problème de la dispersion. C'est le problème qu'il n'y a plus de force principale au sein de la gauche. Ça a été le Parti socialiste, ça a été François Mitterrand, Lionel Jospin, moi-même. C'était parce qu'il y avait cette force-là qu'il y avait à la fin l'unité. Parce que nous pouvions gouverner ensemble, aussi bien sur le plan local que national.

Aujourd'hui, les partis ne se mettront pas d'accord pour une candidature unique. C'est dommage. Il aurait fallu faire un programme commun. Alors, qu'est-ce qu'il faut faire ? Les électeurs et les électrices doivent prendre un bulletin et comprendre qui doit porter la gauche au second tour, si elle accède au second tour…

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