Le PDG de la branche " Hydro Energie" du groupe GE avait annoncé cette réunion "pour tenter de renouer le dialogue". La rencontre s'est tenue à Alpexpo ce mercredi 8 novembre, dans une atmosphère très houleuse. C'est la 1ère fois qu'il les rencontrait depuis l'annonce du plan social.
C'est une rencontre extrêmement attendue qui s'est tenue au Centre des Congrès à Alpexpo, entre le PDG de la filière "Hydro-Energie" du Groupe GE et les salariés du site grenoblois. L'entrée dans la salle a été soigneusement et massivement filtrée, les salariés devant présenter un badge.
La presse a été interdite de séjour, mise à l'écart dans une pièce annexe. Selon nos informations, la réunion s'est déroulée dans un climat très tendu, avec des huées et des interpellations de la salle "de voyou".
Le PDG a tenu un point presse à l'issue de cette assemblée. Il a déclaré "que le projet resterait en l'état, avec quelques ajustements, mais qu'une revitalisation du site de Grenoble était envisagée".
Depuis le démarrage du PSE, l'Intersyndicale (CFE-CGC, CFDT et CGT) dénonce l'absence de négociations avec la direction. Elle pointe un plan social dur avec des conditions de départ a minima, des justifications économiques qu'elle conteste et déplore le silence du gouvernement.
Très remontés contre le géant américain, qui veut supprimer 345 emplois sur les 800 du site, les salariés ont bloqué plus de 9 jours le site de leur entreprise.
Durant plus d'une heure et demi, M. Rannou a fait face à près de 600 salariés dans l'amphithéâtre du centre des congrès de Grenoble, loué pour l'occasion, et non sur le site. "Question de logistique", selon la direction, "peur de se faire séquestrer", selon des employés.
Le PDG de la branche hydro du conglomérat américain a tenté de répondre aux questions et fait valoir ses arguments sur la nécessité de la réorganisation mondiale de l'activité hydro, dont Grenoble est l'un des exemples européens avec les sites de Bilbao (Espagne) et Birr (Suisse).
"Toutes ses non-réponses ont fini par convaincre les derniers indécis de la boîte. Si on avait voulu réveiller les personnels, on n'aurait pas fait autrement",
a relevé Antoine Brescia (CGT). "Les gens étaient très en colère", a abondé Nadine Boux (CFE-CGC).
Yves Rannou a concédé devant la presse une atmosphère chargée "d'attentes et d'émotion" sur un "sujet difficile" dans une "industrie qui a la nécessité de se transformer et se réinventer pour répondre aux besoins de la transition énergétique et à la pression de la compétition" mondiale.
Le dirigeant a affirmé que Grenoble "restera le plus gros centre ingénierie et de R&D au monde", assurant que ce site "charismatique et énigmatique" voire "emblématique" avait "un futur" auquel il travaillait via un "plan de revitalisation". Pour autant, concrètement, M. Rannou n'a présenté aux salariés "que des évolutions intervenues la semaine dernière sur le contenu du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), qui reste "en l'état actuel des choses" intangible sur le nombre de postes touchés.
L'intersyndicale a de nouveau rendez-vous lundi après-midi à Bercy pour faire le point sur le PSE. Au même moment, aux Etats-Unis, le PDG de GE John Flannery (qui avait piloté le rachat d'Alstom Energie) présentera son plan de relance qui passera par une cession d'actifs évalués à 20 milliards.
Ne pouvant "pas présager de ce qui sera annoncé" lundi, Yves Rannou s'est engagé à revenir à Grenoble le 16 novembre, sur le site de GE cette fois.