Grenoble : le chirurgien suspendu renonce finalement à toute poursuite contre quatre de ses anciens patients

Suspendu pour 18 mois par l'Ordre des Médecins, le docteur V, chirurgien grenoblois soupçonné d’avoir effectué des opérations abusives sur des dizaines de patients, vient d’annoncer qu’il renonçait finalement à poursuivre quatre anciens patients pour diffamation.

Quatre plaintes pour "diffamation" contre des anciens patients, plus des plaintes contre plusieurs organes de presse avaient été déposées en mai dernier par Me Bernard Boulloud, avocat du chirurgien grenoblois soupçonné d’avoir réalisé des opérations abusives sur une soixantaine de patients. Le procès devait se tenir le 20 novembre prochain. Le docteur V. vient d’annoncer qu’il renonçait finalement à toute poursuite confirmant une information de nos confrères du Parisien.
 
Deux raisons majeures ont poussé le docteur V. à prendre cette décision : le "lynchage inouï" depuis 7 mois "bafouant sa présomption d’innocence" et la mort de Christophe Fuselier, l’un des quatre patients visé par la plainte pour diffamation.
 

"Il s’en prend plein la figure"


Dans un communiqué, Me Boulloud détaille les raisons pour lesquelles sont client a décidé de stopper toute poursuite. Il décrit un homme profondément atteint sur le plan psychologique et explique pourquoi il avait porté plainte en mai dernier.

"Il était face à un lynchage à l’époque. J’ai remis les pendules à l’heure : la seule solution que j’avais, c’était la procédure en diffamation" explique son avocat. Mais aujourd’hui, le chirurgien "n’en peut plus" dénonce Me Boulloud, affirmant que la présomption d’innocence de son client est bafouée depuis plus de sept mois alors que "sa culpabilité n’est pas établie et qu’il ne peut pas se défendre publiquement car soumis au secret médical."
 
"Les graves accusations affectent profondément le chirurgien" ainsi que toute sa famille, dénonce l’avocat, qui affirme que la Justice n’a pas réagi alors que son client a "déjà été jugé sur la place publique."
 

Décès de Christophe Fuselier


Un autre événement a particulièrement "affecté" le docteur. Le 24 octobre dernier, Christophe Fuselier, ancien patient du chirurgien, décède. Il était alors visé par une plainte du docteur V. pour diffamation. La famille du défunt, par la voix de son avocat Me Edouard Bourgin, a annoncé son intention de porter plainte pour homicide involontaire.
 
Via son avocat, le chirurgien exprime son "sincère respect" pou la famille du défunt. "Se faire quasiment accuser de meurtrier, ça a été très dur pour lui" raconte Me Boulloud, qui réaffirme que "jusqu’à preuve du contraire (son client) est présumé innocent."  
 

Enquête ouverte pour homicide involontaire


Lundi 4 novembre, nous avons appris que le parquet de Grenoble a délivré un réquisitoire supplétif pour homicide involontaire le 24 juin dernier. Soit 6 jours après l'ouverture d'une enquête pour blessures involontaires concernant 27 patients. La justice cherche à détérminer l'éventuelle responsabilité du médecin dans la mort de Noël Jacquier, opéré du dos en septembre 2017, amputé de la jambre droite après l'intervention et décédé 57 jours plus tard.
 
Le docteur V., toujours par mis en examen comme le rappelle son avocat, reste pleinement déterminé à poursuivre sa défense pour que "justice lui soit finalement rendue loyalement."
 

"Tout ceci n’est qu’un rideau de fumée"


L’avocat des ex-patients du docteur V., Me Edouard Bourgin, dénonce une "mascarade" et explique sa vision du désistement des procédures en diffamation, initiées par Me Boulloud. "Nous savions parfaitement que la procédure en diffamation était frappée de nullité. Mon confrère a commis des erreurs de procédure énormes. Il est acculé" avance-t-il.

De plus, il s’offusque de la manière dont les débats sont menés. "Ce médecin, accusé de fautes graves, poursuit au pénal ses patients. C’est du jamais vu. On se retrouve dans une situation où un médecin, accusé de faits graves, avant même d’être jugé de ses fautes, a attaqué au pénal ses potentielles victimes" tout en accusant la partie adverse de "fausse empathie."

L'avocat des ex-patients affirme que ce désistement est refusé par tous ses clients et demande d’aller au bout de la procédure en diffamation initiée par le docteur V.  Aussi, l’avocat émet de sérieux doutes sur la possibilité pour Me Boulloux de se désister. "Il n'est pas sur qu'une fois que la procédure pénale lancée, l'auteur puisse se désister" ajoute-t-il.

Enfin, Me Bourgin nous a annoncé que la famille de Mr Fuselier, décédé le 24 octobre dernier, allait porter plainte officiellement pour homicide involontaire contre le docteur V. ce mardi 12 novembre. Une plainte qui s'ajoute à celle déposée par la famille Jacquier pour le même motif.
 
Chronologie des faits
Mai 2019 : des plaintes à l’encontre de quatre anciens patients du docteur V., qui avaient affirmé dans différents organes de presse que leurs opérations avaient été "ratées". La famille d’une victime présumée avait notamment accusé le chirurgien de Grenoble d’être responsable d’un décès.

Octobre 2019 : l’avocat du docteur V., Maître Boulloud, avait sollicité un renvoi du procès en diffamation, justifiant cette demande car "le débat n’était ni loyal, ni contradictoire", affirmant avoir reçu les conclusions des avocats des parties adverses trop tard. La date du 20 novembre avait été fixée.

9 novembre 2019 : Me Boulloud annonce que son client, le docteur V., renonce finalement à poursuivre ses quatre anciens patients pour diffamation, ainsi que les organes de presse visés.
 
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