Grenoble : l'article pour tout comprendre à Grandalpe, le projet urbain à 500 millions d'euros du sud de la métropole

A cheval sur Grenoble, Eybens et Echirolles, le projet Grandalpe a été abordé lors du conseil municipal échirollois ce lundi 15 mars. L'occasion de comprendre, concrètement, où iront les 500 millions d'euros dédiés à ce grand plan de rénovation urbaine du sud de la métropole.

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"Trois à quatre mandats pour transformer en profondeur le territoire." C'est ainsi que Christophe Ferrari, président divers gauche de la métropole Grenoble-Alpes, résumait, lors du conseil municipal d'Echirolles du lundi 15 mars, l'ambition affichée par le géant Grandalpe : un "projet de territoire" comprenant un énorme volet de rénovation urbaine en profondeur, réparti sur le sud de l'agglomération, et chiffré à... 500 millions d'euros, au moins.

Grandalpe, c'est un territoire de 400 hectares, à cheval sur Grenoble, Echirolles et Eybens, comprenant 30 000 habitants, 12 000 logements et 40 000 emplois, selon les chiffres fournis par la Grenoble-Alpes. "C'est le territoire qui a le plus de potentialités, en matières foncière et économique, de la métropole", aime à dire Renzo Sulli, vice-président de la métropole chargé des grands projets d’aménagement et du renouvellement urbain, et maire communiste d'Echirolles.

Ces potentialités se manifestent par une surface très importante "à faire évoluer" : pas moins de 100 hectares, à en croire le service métropolitain du projet Grandalpe. Soit un quart du territoire, rien que ça. Parce que "les gens croient que c'est un territoire qui est terminé, alors qu'il reste plein de choses à faire", s'enthousiasme lui aussi le maire écologiste de Grenoble Eric Piolle.

Les 500 millions d'euros du projet sont répartis en deux gros morceaux. Un premier, de près de 450 millions, est dédié au plan de rénovation urbaine des Villeneuves de Grenoble et d'Echirolles. Un plan pour "construire la ville sur la ville", explique Eric Piolle, et "faire entrer ces quartiers dans le XXIe siècle", à grands coups de végétalisations, piétonnisations, déminéralisations et réhabilitations des logements. 

Le deuxième volet du projet, chiffré pour l'instant à 46 millions d'euros, doit servir de "levier pour des investissements privés", espère la métropole, et ainsi faire venir des entreprises sur place. La collectivité ne s'interdit pas, dans le futur, de faire monter la note au fur et à mesure que les projets se multiplient.

  • La couture urbaine

L'un des grands leitmotivs du projet Grandalpe est celui de la "couture urbaine" : un moyen de "sortir ces quartiers du modèle du "tout-voiture" des années 60-70", décrit Eric Piolle. Une époque où "les centres-villes se débarrassaient des infrastructures qui les gênaient, et les renvoyaient en banlieue", se souvient Renzo Sulli. En l'occurence, la voie ferrée et la rocade, qui séparent la Villeneuve d'Echirolles du centre-ville.

Le projet doit ainsi réfléchir aux franchissements, ces lieux qui permettent de passer d'un côté à l'autre de cette barrière urbaine. En élargissant le franchissement de la halte ferroviaire d'Echirolles, en créant de nouvelles passerelles piétonnes, voire en procédant à des couvertures partielles de la rocade. Exemple frappant : actuellement, le pont situé face au rond-point d'Alpexpo est interdit aux vélos et aux piétons, "alors qu'on est à deux pas de l'hôpital sud", note le service métropolitain en charge du projet.

Un peu plus au nord, l'enchaînement des avenues Edmond-Esmonin/de l'Europe/Charles-de-Gaulle deviendra bientôt le "cours de l'Europe", projet phare de Grandalpe, et qui doit illustrer le deuxième leitmotiv du projet : la ville-parc. De cet axe de 40 mètres de larges, très minéral, comportant par endroits huit voies de circulation, Grenoble-Alpes veut faire un "parc linéaire", en donnant plus de place aux piétons et aux cyclistes.

Dans sa configuration actuelle, "ce n'est pas un environnement pour les piétons, ni même pour l'humain", estime Eric Piolle. Le projet prévoit un élargissement des trottoirs, des voies cyclables dédiées, ainsi que le passage d'un bus à haut niveau de service. Pour le maire de Grenoble, "c'est un enjeu de qualité de vie, et un enjeu environnemental".

  • Grand'Place : la première grande transformation de Grand'Place

Le long de ce futur cours de l'Europe, va naître bientôt la première application concrète du projet Grandalpe : la métamorphose du secteur Grand'Place. Lieu commercial très fréquenté, surtout accessible par la voiture, Grand'Place va bientôt être profondément transformé par son propriétaire, Klépierre. Autour de cet investissement privé, la métropole investit pour métamorphoser l'espace public.

Première étape : la destruction de l'autopont, qui coupe en deux Grand'Place, et relie l'avenue Salvador-Allende côté Echirolles à l'avenue Marie-Reynoard côté Grenoble. Une "verrue qui ne rend pas service tant que ça", estime la métro, le pont étant très peu adapté aux piétons. L'ouvrage devrait disparaître dès cette année, avec un début des travaux cet été 2021 et une fin dans les 18 à 24 mois.

La zone libérée sera verdie, en plantant 179 arbres et 145 arbustes, et piétonnisée, avec des terrasses et des lieux de passage. L'espace public autour de Grand'Place passera de 5% aujourd'hui à 30% piéton après la fin des travaux, et de 8,5% à 33% de zone végétalisée, à en croire Grenoble-Alpes. "On veut en faire des espaces à vivre, et plus seulement pour consommer", précise le maire d'Echirolles. 

Après ces premiers travaux à 8 millions d'euros, "la même logique sera appliquée dans les autres secteurs", affirme la métropole. Ainsi, l'autopont des Etats-généraux, au-dessus de l'avenue de Bretagne à Echirolles, et celui des Saules, près de l'ancien Lidl d'Eybens, doivent également être démolis dans les années à venir.

  • Renouvellement urbain : plus vert, plus local, moins chaud

Ces travaux de végétalisation et d'ouverture aux piétons devraient se poursuivre dans les différents quartiers du projet, y compris dans les grands ensemble des Villeneuves et du Village olympique, hérités de l'urbanisme des années 60. "Résidentialiser" est un des maîtres-mots du projet. Il s'agit de faire "qu'un habitant qui sort de chez lui appréhende son environnement immédiat comme une extension de son logement".

Concrètement, l'intention va se traduire par la rénovation de halls d'entrée, ainsi que la création de nouveaux, "pour casser les interminables rues intérieures qui peuvent exister par endroits", avance Eric Piolle. Dans certains cas, une portion d'une barre peut même être détruite "pour recréer des liaisons au niveau du sol" selon la métro.

Le projet de rénovation urbaine souhaite également en finir avec les passoires thermiques, tout en rendant les appartements plus modernes et confortables. Au total, 2 400 logements sociaux seront rénovés sur les Villeneuves, 600 dans le quartier de l'Arlequin, 1 500 logements en copropriété pourraient bénéficier d'aides.

Grenoble-Alpes promet également un travail sur les façades et les revêtements de sols, en adoptant des couleurs qui renvoient mieux la lumière, et par extension la chaleur (comme du béton désactivé et sablé pour les sols). Ce travail -couplé à la végétalisation, au "décroutage" des espaces et à la réintroduction de points d'eau- devrait permettre de lutter contre les îlots de chaleur. "On veut que ces espaces puissent se rafraîchir la nuit, ce qui n'est pas le cas actuellement", explique le service métropolitain du projet.

Un enjeu de taille, alors que, de manière générale, il existe un écart de 4 à 8°C entre une parcelle sans végétation et une autre ombragée en plein été selon l'agence de l'environnement (Ademe). Cet écart deviendra un enjeu central lorsque, en 2050, les jours consécutifs où la température se maintiendra au-dessus de 35°C, de jour comme de nuit, constitueront la moitié des étés grenoblois. Îlots de chaleur ou pas.

  • Créer ou pérenniser les "polarités commerciales"

À nouveau volet de Grandalpe, son nouveau leitmotiv. Les "polarités commerciales", c'est "l’idée que les habitants ont besoin de trouver des commerces de proximité sans avoir besoin de prendre leur voiture pour aller faire leurs courses" selon la métro. Et ainsi, d'une pierre deux coups, encourager l'économie locale et limiter la circulation automobile, en encourageant le développement de centres-villes miniatures dans les quartiers.

Dans beaucoup de quartiers, où ses polarités existent déjà, Grenoble-Alpes envisage de réaliser des diagnostics sur les commerces pour en lister les problèmes, à la fois techniques et de visibilité, pour ensuite les rénover, ou les démolir pour mieux reconstruire. Avec l'idée de permettre à ces commerces de pérenniser leur activité. La place du Marché, à l'Arlequin, devrait ainsi être totalement repensée, avec de nouvelles entrées dans les immeubles, et des cellules commerciales rénovées.

Et qui dit commerces de proximité dit aussi qualité et confort de vie pour les habitants.

  • Le développement économique sur les friches

Car l'une des ambitions de Grand'Alpe -la comparaison est utilisée très souvent par les responsables politiques du projet- est de faire du territoire la nouvelle Presqu'île, "qui est en train de se finir", note Renzo Sulli. Si bien que la métropole commencerait à manquer d'espace pour accueillir des entreprises en développement ou cherchant une nouvelle implantation. Et pour qu'une entreprise adopte un territoire, celui-ci doit remplir plusieurs critères, à en croire le maire de Grenoble :

Les entreprises veulent savoir qu'elles trouveront du personnel sur place, que ce personnel restera sur place parce que les conditions de vie sont agréables, et qu'elles pourront s'intégrer à un tissu d'acteurs économiques locaux avec lesquels elles pourront faire des partenariats.

Eric Piolle, maire de Grenoble

Alors l'investissement pour la rénovation urbaine est un moyen, pour la métropole, de rendre le territoire attractif pour les entreprises. "C'est un pari, concède le maire d'Echirolles. Mais il y a des entreprises qui se créent, et d'autres qui se développent. Et si on n'a pas les moyens de les faire s'installer sur le territoire, elles iront s'installer ailleurs."

Du côté d'Echirolles justement, plusieurs projets sont déjà à l'œuvre, comme le nouveau campus spécialisé dans l'intelligence artificiel d'Atos, et le futur centre de recherche et d'innovation dans le domaine de l'hydraulique d'Artelia.

Grandalpe prévoit également la transformation complète de plusieurs friches -dont la surface totale représente pas moins de 60 hectares- pour y accueillir les futures entreprises du territoire. La friche Allibert est l'une des plus grandes (10 ha à elle seule), coincée entre l'avenue Léon Blum et ce qui sera bientôt le cours de l'Europe. Le site, acquis en 2008 par Grenoble-Alpes, verra arriver les pelleteuses dès cet été.

Première étape : la destruction de la grande halle, après quoi seront engagés des travaux importants de dépollution. "Les usines plastiques ont pollué les sols", note en effet le service métropolitain du projet Grandalpe. A la place, devrait naître un nouvel îlot de bâti, "qu'on puisse traverser à pied ou en vélo et qui ne soit pas monofonctionnel". Autrement dit : un lieu de vie autant qu'un lieu de travail et de promenade. "Ce projet sera démonstrateur de comment on peut insérer de l'activité productive dans des quartiers de ville".

Le secteur d'Alpexpo sera également repensé, pour remplacer les immenses parkings -"13 000 places dans un rayons de moins de 500 mètres, occupées à moins de 50% de façon ponctuelle", note le document descriptif du projet. Tout en réduisant la minéralisation et en remplissant le vide constitué par ces espaces de parkings, la métro promet "un quartier qui a de la vie", où l'on peut venir "plus facilement en transports en commun" et où les congressistes peuvent "aller manger un bout et se balader en sortant du centre".

  • Le quartier de la gare d'Echirolles, la "clé de voûte"

La refonte du quartier de la gare d'Echirolles est "la clé de voûte de la desserte de Grandalpe", selon le document de présentation du projet. Les travaux doivent permettre d'ouvrir la gare sur le quartier, par la création de plusieurs parvis pour faciliter la mobilité, et en remplaçant certains locaux plus ou moins vétustes par des îlots neufs, regroupant "des projets tertiaires, commerciaux et de logements ambitieux", dixit le document de présentation. Une place piétonne devrait notamment remplacer le carrefour du Chêne.

La gare d'Echirolles doit par ailleurs devenir l'une des haltes du futur RER grenoblois, promis de longue date pour l'horizon 2025. Un atout pour les entreprises qui souhaiteraient s'installer sur le territoire. "Le RER métropolitain, c'est un moyen de faire quelque chose de positif avec cette voie ferrée, qui était jusqu'à présent négative pour les habitants", se réjouit Renzo Sulli.

Cette gare doit ainsi devenir la porte d'entrée privilégié de ce secteur, censé constituer le "futur cœur de l’agglomération grenobloise", "pensé par et pour les habitants", espère Christophe Ferrari. Le président de Grenoble-Alpes promet "un cadre de vie qui répond aux enjeux sociaux, écologiques et économiques de demain". Au vu de l'addition à 500 millions d'euros, les habitants ne peuvent pas en espérer moins.

 

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