Une information judiciaire a été ouverte à Grenoble après l'accident mortel qui avait coûté la vie à une cycliste en mars dernier. Selon sa famille, la configuration du carrefour où s'est produit l'accident pourrait être en cause.
La configuration d'un carrefour urbain peut-elle être retenue par la justice dans un accident de vélo mortel ? C'est l'une des questions posée au juge d'instruction chargé depuis lundi d'enquêter sur le décès d'une cycliste à Grenoble en mars. Le parquet de Grenoble a annoncé mardi l'ouverture d'une information judiciaire à la suite d'une plainte pour homicide involontaire déposée par le mari de la victime.
Le 25 mars au matin, une professeure des écoles de 38 ans qui circulait à vélo était tuée au croisement de deux grandes avenues de la ville, écrasée par un camion-benne. Cet accident violent, dans lequel la victime est décédée avant l'arrivée des secours, avait ému à Grenoble, où des associations de cyclistes avaient demandé à la Métropole le réaménagement de ce carrefour "particulièrement dangereux."
"Chaque cycliste qui a emprunté ce croisement en connaît le danger, le seul tort de la cycliste tuée a été d'être au mauvais endroit au mauvais moment", avaient écrit les associations dans un communiqué. Quelques jours plus tard, le mari de la victime portait plainte contre X pour homicide involontaire, ainsi que l'annonçait le quotidien régional Le Dauphiné Libéré.
Le parquet a saisi lundi un juge d'instruction "afin qu'une enquête approfondie soit effectuée" pour, d'une part, homicide involontaire par le conducteur du camion benne, et d'autre part pour "homicide involontaire par violation manifestement délibérée d'une obligation de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement par personne morale et par personne physique contre X". "Ce dernier motif d'enquête permettra au magistrat instructeur de prendre en considération la demande d'expertise de Me Gerbi pour la partie civile sur le caractère accidentogène du lieu de l'accident et les mesures prises à cet égard", écrit le procureur de Grenoble Eric Vaillant dans un communiqué.
L'avocat du mari de la victime, Me Hervé Gerbi, avait expliqué la semaine dernière à l'AFP avoir saisi le procureur "d'une demande d'expertise en aménagement urbain", précisant qu'il n'avait pas connaissance d'une autre procédure similaire concernant un accident mortel de vélo en France. La décision du parquet est une "satisfaction pour la famille, qui attend de ce décès des réponses individuelles et collectives en termes de responsabilité", a-t-il réagit mardi.
S'il n'a pas connaissance des circonstances précises de l'accident - il n'a pas encore accès au dossier -, l'avocat souligne également la "responsabilité personnelle" du chauffeur et se dit "certain" de voir un "manquement au code de la route" de sa part.