Grenoble est régulièrement en tête des classements des métropoles les plus accessibles pour les personnes en situation de handicap. Si les efforts réalisés sont appréciés les associations, beaucoup reste à faire.
Avec ses transports en commun largement accessibles, téléphérique urbain compris, et son engagement au côté des associations, la capitale des Alpes a déployé plus d'efforts que d'autres métropoles en matière de handicap. Grenoble est arrivée en tête du dernier classement portant sur l’accessibilité des métropoles, établi en 2020 par l’Association APF France Handicap. Elle est aussi lauréate de plusieurs prix et mentions spéciales au concours Access City Awards, organisé depuis 2010 par la Commission européenne.
Si elle est entourée de trois massifs, la capitale iséroise qui compte 160 000 habitants est l’une des plus plates de France, ce qui aide déjà grandement les choses. Mais au-delà de la topographie de son terrain, c’est la première ville à avoir proposé, dès 1987, des lignes de tramway 100 % accessibles aux personnes à mobilité réduite.
Les bulles, téléphérique qui dessert la colline de la Bastille, sont elles aussi équipées pour accueillir fauteuils roulants et poussettes. À cela, s’ajoutent des constructions modernes considérant les obligations d’accessibilité ERP aux personnes handicapées. Défendant son "engagement historique", la municipalité ne "travaille pas uniquement sur l'accessibilité handicap moteur, mais également sur tout ce qui est handicap visuel, auditif, cognitif, mental, etc.", explique à l’AFP Luis Beltran-Lopez, conseiller municipal délégué Handicap et Accessibilité.
Un dialogue avec les associations
Jérôme Combe, directeur territorial des actions associatives de l’APF France Handicap en Isère, salue auprès de l’AFP l’écoute de la municipalité de Grenoble face aux demandes des associatifs : "A Grenoble, on est écoutés. C'est hyper positif et je pense que ce n'est pas le cas partout en France", souligne-t-il.
Grenoble dialogue de longue date avec une cinquantaine d'associations spécialisées et les actions prises pour faciliter l'accès à ses bâtiments publics, à la culture et à l'éducation sont détaillées chaque année dans un rapport de la Commission communale d'accessibilité, une instance rendue obligatoire par la loi handicap de 2005. "Il y a eu une période faste, on va dire, où les choses ont réussi à avancer. Et aujourd'hui, on bénéficie de ça dans le dialogue. Après, on n'arrive pas forcément à avancer beaucoup plus", nuance toutefois Jérôme Combe.
Grenoble présente le rapport de la commission communale d’accessibilité: des résultats positifs d’une ville pour toutes et tous. #CMGrenoble pic.twitter.com/0XR6uEFZ6X
— Grenoble en Commun (@Grenoble_Commun) December 16, 2024
Des avancées restent à faire
Si Grenoble est résolument axée sur l’accessibilité, des avancées restent à faire et de gros problèmes existent toujours. Pour l’association Valentin Haüy, dédiée à la défense des droits des déficients visuels, "de gros problèmes" existent à Grenoble dans l’accessibilité aux personnes ayant un handicap visuel.
C'est le cas notamment avec les feux tricolores, en majorité non équipés de signaux sonores destinés aux déficients visuels, contre "98 % à Lyon", s'agace auprès de l’AFP François Brun, le président départemental de l’association. Cette situation contraint les malvoyants à être vigilants en permanence, une charge mentale supplémentaire. "En fait, on n'est pas la plus accessible, on est la moins pire des villes au niveau de l'accessibilité", reconnaît Luis Beltran-Lopez.
Le 11 février prochain marquera les 20 ans de la loi pour "l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées". Ce texte donnait alors pour la première fois une définition du handicap et imposait un principe d'égalité dans tous les domaines.
"Malheureusement, 20 ans plus tard, force est de constater que les mises en œuvre de cette loi sont insatisfaisantes et les progrès en matière d’inclusion largement insuffisants", regrette l’association APF France Handicap, qui organise le 10 février prochain un grand rassemblement à Paris pour le respect des droits des personnes en situation de handicap.