Depuis ce 1er juillet, tous les utilitaires et les poids lourds classés Crit’Air 3 sont interdits de circulation et de stationnement dans la métropole grenobloise. Le secteur du bâtiment et des travaux publics travaille avec les organisations patronales et la métropole pour avancer sur ce sujet, afin d'obtenir des dérogations.
"Il nous reste beaucoup de chemin à faire." Ce sont les mots de Bertrand Converso, président de la fédération du BTP de l'Isère, sur le plateau de France 3 Alpes ce vendredi soir, pour expliquer la difficulté du secteur à pouvoir appliquer la nouvelle réglementation de la Zone à Faibles Emissions (ZFE). Des nouveaux critères qui doivent s’appliquer dans 27 communes de la métropole grenobloise.
Pour le représentant du BTP en Isère, le secteur qui "est toujours prêt à investir pour diminuer l’empreinte environnementale de son activité", se heurte à trois problèmes : le coût, le temps, et l’offre.
"La principale problématique, hormis la problématique du coût et du surcoût de ces véhicules, c’est un problème d’offre. Actuellement, les concessionnaires et les fabricants de véhicules "propres", qui sont tous des fabricants internationaux, n’ont pas une offre qui puisse répondre aux attentes des activités spécifiques des entreprises du BTP. Nous travaillons avec des camions de chantiers, des camions avec des grues, et autres […] Et en fait, les nouveaux modes de carburations tels que le gaz et l’électrique n’ont pas encore suffisamment de recul sur ce type de véhicule et carrément pas d’offre pour certains."
Pour avancer sur ce sujet, la fédération du BTP de l'Isère travaille avec les différentes organisations patronales, la métropole, et les services de l’État, depuis de nombreuses années. Au niveau de la région AURA, le BTP comprend 765 000 véhicules utilitaires légers, 82 000 poids lourds. Et seulement 1% de ce parc est dit propre.
Des chiffres qui montrent l’ampleur de la tâche à accomplir d’ici 2025. Dans trois ans, une nouvelle étape doit être franchie, puisque seuls les véhicules Crit’Air 1 pourront circuler. Une temporalité contraignante pour Bertrand Converso.
Une transition qui demande des "centaines de millions d'euros"
"Ça nous demanderait un effort d’investissement pour nos sociétés de plusieurs centaines de millions d’euros. Et un renouvellement de notre parc dans un délai trop contraint pour qu’on puisse l’accepter avec les finances de nos entreprises."
Après une étude globale sur les besoins et sur les façons d’utilisation des véhicules dans ces métiers, "il en est ressorti qu’une entreprise du BTP, en moyenne, amortit son véhicule sur 10 à 14 ans. Donc on a un temps d’amortissement du véhicule qui est très important. On ne peut pas renouveler notre parc dans un délai contraint de 4 à 5 ans", résume le prédisent de la Fédération du BTP de l'Isère. Les discussions avec les différents organismes et la métropole ont abouti "à une certaine dérogation pour certains types de véhicules".
Et au vu de cette courte échelle de temps, Bertrand Converso estime qu’il faudra continuer à travailler "sur une acceptabilité, et peut-être des dérogations à revoir au fil du temps".