De retour sur ses terres iséroises, Olivier Véran s’est fait le porteur de nouvelles rassurantes, assurant que « tous les Français qui veulent se faire vacciner le pourront ». Un message bien reçu à Grenoble où le nouveau centre de vaccination de l’hôpital affiche complet.
Elle est sortie avec un large sourire sur le visage. A 89 ans, Guitte est même plutôt fière d'être désormais vaccinée : « J’ai profité d’un petit bug sur internet pour inscrire toute ma famille. J’ai pris une douzaine de rendez-vous et je les ai donnés à mes cousins et cousines ». Et d’ajouter : « On ne peut plus rien faire, ce n’est pas possible, donc nous avions hâte de nous faire vacciner ». « C’est très bien organisé », renchérit Marie-Thérèse, fringante du haut de ses 89 printemps.
Comme Guitte et Marie-Thérèse, les personnes de 75 ans et plus ou présentant des risques de comorbidités peuvent désormais être vaccinées dans un nouveau centre installé au CHU Grenoble Alpes. Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, était présent lundi 18 janvier pour saluer cette mise en place. « Partout en France, près de 800 centres de vaccination - à l’instar de ce centre grenoblois - se sont mis en place grâce à la mobilisation extraordinaire des soignants des hôpitaux, des soignants des villes mais également des pompiers, de la sécurité civile, et avec un rôle très important des collectivités qu’il s’agisse des maires, des départements ou des régions. Tout le monde travaille ensemble, en parfaite coordination, pour pouvoir organiser et structurer cette campagne de vaccination », a-t-il déclaré.
2,4 millions de vaccinés d'ici fin février
De quoi, selon le ministre, permettre au gouvernement d’atteindre ses objectifs en matière de vaccination : « C’est une étape qui concerne près de 5 millions de Françaises et de Français âgés de 75 ans et plus et qui vivent chez eux. Mais également près d’un million de personnes qui sont plus jeunes et qui sont porteuses de comorbidités. Toutes les personnes qui souhaitent être vaccinées pourront être vaccinées. Mais tout le monde ne peut pas être vacciné en un jour ou une semaine, non pas parce que la logistique ne suivrait pas mais parce que l’enjeu, c’est d’avoir suffisamment de doses pour vacciner tous les Français. Nous avons de quoi vacciner 2,4 millions de Français d’ici à la fin du mois de février et peut-être 4 millions si d’autres vaccins que nous avons commandés venaient à être homologués. Cette vaccination va prendre du temps, le temps nécessaire pour les vaccins nous soient livrés progressivement ».
J’étais ce matin au @CHU_Grenoble où comme dans toute la ?? la vaccination démarre aujourd’hui pour les + de 75 ans et les personnes fragiles à très haut risque face à la #COVID19.
— Olivier Véran (@olivierveran) January 18, 2021
Cette phase durera plusieurs semaines, au rythme des livraisons de vaccins. pic.twitter.com/3JPPFCv8Rc
Il faut dire que la procédure est à la fois simple et rapide : une fois le rendez-vous obtenu sur internet ou par téléphone – étape la plus fastidieuse car le web comme le centre d’appels croulent sous les demandes -, la vaccination en elle-même ne prend que quelques minutes. Le « patient » reste ensuite 15 minutes en observation avant de repartir avec son rendez-vous pour la deuxième injection, trois à quatre semaines plus tard.
« Je remercie les soignants pour leur engagement sans faille »
Un fonctionnement bien rodé car il recourt à du personnel médical volontaire. « Cette organisation logistique fonctionne, elle est opérationnelle et continue de monter en régime, a estimé le ministre. Nous aurons largement atteint notre objectif du million de Français vaccinés d’ici à la fin du mois. Et, ce qui est important, c’est que j’ai vu ici parmi celles et ceux qui vaccinent une sage-femme libérale, un médecin libéral retraité, une infirmière de l’hôpital… J’ai vu l’ensemble des soignants quel que soit leur secteur d’activité, leur expertise ou leur âge participer à cette campagne de vaccination ».
Voilà pour la théorie, visiblement très au point. Restent les questions politiques et les polémiques. A ce sujet, Olivier Véran a quelque peu haussé le ton. Face à la colère de certains maires qui dénoncent le peu de doses à leur disposition, il a voulu faire une petite piqûre de rappel : « Nous avons donné, dans chaque territoire, le nombre précis de doses livrées cette semaine, la semaine prochaine et celle d’encore après pour donner de la visibilité à toutes les équipes des centres de vaccination. Il y a des endroits, au moins un, où un maire nous a dit : 'C’est un scandale, j’ai programmé plusieurs milliers de personnes et je n’ai que quelques centaines de doses'. Pourtant, il le savait. Donc si la question est plus je programme de gens, plus on va me donner de vaccins au détriment des territoires voisins, la réponse est non. Il y a une répartition harmonieuse en fonction de la population pour pouvoir protéger tous les Français de la même manière et de manière progressive ».
« Nous allons fonctionner en flux tendu »
Et le ministre de la Santé de préciser une nouvelle fois les choix stratégiques effectués par le gouvernement, à savoir une vaccination par phase : « Vous avez deux choix. Ou vous dites j’attends d’avoir 5 millions de doses pour commencer à vacciner 5 millions de Français de 75 ans et plus et donc, vous stockez les doses dans les frigos, ou vous dites que l’on va fonctionner en flux tendu. C’est-à-dire qu’à chaque fois que des doses arrivent, on ouvre des créneaux de vaccination que l’on met à disposition des Français. Nous sommes en flux tendu, c’est notre stratégie, c’est la stratégie de tous les pays qui vaccinent. Donc à mesure que les vaccins nous seront livrés, les Français seront protégés ».
Après avoir salué à plusieurs reprises les sommets enneigés qui entourent l’hôpital dans lequel il travaillait encore il y a quelques mois de cela, Olivier Véran a donc fait œuvre de pédagogie. Et avec le sourire. Un ministre sans doute réconforté et réchauffé non pas par le soleil qui brillait sur Grenoble mais par les sourires des premiers vaccinés qui sortaient du CHU. A l’image de Guitte et Marie-Thérèse, elles seront près de 580 à recevoir, rien qu’à Grenoble, une première injection ce lundi.