Grenoble : Raymond Avrillier porte plainte contre Eric Dupond-Moretti devant la Cour de justice de la République

Le militant écologiste grenoblois Raymond Avrillier, connu comme le "tombeur de Carignon", dénonce une "prise ilégale d"intérêt" de la part du ministre de la Justice, dans l'affaire des "fadettes" du Parquet national financier.

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Le militant écologiste Raymond Avrillier a demandé à la Cour de justice de la République (CJR) d'ouvrir une enquête contre le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, l'accusant de "prise illégale d'intérêts" dans l'affaire qui l'oppose à des magistrats du Parquet national financier.

Raymond Avrillier, 72 ans, ancien maire-adjoint de Grenoble, a écrit en ce sens lundi à la commission des requêtes de la CJR selon Mediapart, information confirmée par l'AFP. La Cour est en effet la seule instance habilitée à juger des actes commis par des membres du gouvernement dans l'exercice de leurs fonctions.

Eric Dupond-Moretti agit en tant que ministre dans une affaire où il est partie au dossier. Faute d'avoir un parlementaire ou une institution qui agisse, je me suis senti le devoir d'intervenir pour que la justice puisse fonctionner en toute indépendance.

Raymond Avrillier à l'AFP

Une infraction passible de cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende

Dans son courrier consulté par l'AFP, l'ancien élu, connu pour être à l'origine du scandale impliquant l'ex-maire de Grenoble Alain Carignon, estime que la décision du ministre d'ouvrir une enquête administrative contre trois magistrats du Parquet national financier (PNF) constitue une infraction pénale, la "prise illégale d'intérêts", passible de cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende.

Cette enquête administrative, ordonnée le 18 septembre, fait suite à la mise en cause du PNF pour avoir épluché en 2014 les relevés téléphoniques détaillés (les fadettes) de ténors du barreau, dont des avocats de l'ancien chef de l'État Nicolas Sarkozy, mais également Éric Dupond-Moretti lui-même.
 
Lorsqu'il était avocat, Éric Dupond-Moretti avait porté plainte contre le PNF dans cette affaire des "fadettes". Il a ensuite abandonné cette plainte le jour de sa nomination au ministère.
 

La magistrature en colère

Le PNF avait utilisé les "fadettes" pour tenter d'identifier la "taupe" qui aurait pu informer Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog, ami de l'actuel garde des Sceaux, qu'ils étaient sur écoute dans une enquête pour des soupçons de corruption d'un magistrat, qui doit être jugée en novembre. 

La commission des requêtes de la CJR, composée de sept hauts-magistrats a accusé réception de cette saisine mercredi. Elle est désormais chargée d'en examiner la recevabilité et de décider s'il convient d'ouvrir ou non une instruction contre le garde des sceaux.
 
Les décisions du ministre dans ce dossier ont suscité ces dernières semaines un vif mouvement de colère au sein de la magistrature dans toute la France. "Ce n'est pas la magistrature qui est en danger, c'est l'indépendance de la justice", a mis en garde ce mercredi 30 septembre François Molins, procureur général près la Cour de cassation sur RTL.
 
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