Le lycée Argouges affirme avoir pour cheval de bataille la réussite pour tous. Mais comment assurer cette mission avec des classes en sureffectif et des postes non-pourvus ? Ce mercredi matin, les enseignants distribuaient des tracts pour manifester leur colère en ce jour de rentrée.
"L'ensemble du personnel a hâte de reprendre les cours, mais pas dans les conditions actuelles", déclarent les professeurs du lycée André Argouges de Grenoble. Ce mercredi matin, ils étaient devant le lycée, tracts à la main, pour dénoncer un manque de personnel (enseignant et non enseignant) et un sureffectif d’élèves par classe, qui va jusqu'à 37 en seconde. Des chiffres tout à faire inacceptables pour ces enseignants, surtout au vu de la situation sanitaire actuelle.
La distanciation sociale n’existera pas. Ce sera le masque et le lavage des mains… et à 37 dans une salle. Ça fait six mois qu’on alerte le rectorat sur les moyens d’enseignement du lycée qui sont insuffisants à nos yeux mais on ne s’attendait pas à avoir des classes de 37 élèves à la rentrée.
Postes non-pourvus
Pour les professeurs, cet état de fait est en total décalage avec le discours du gouvernement. "L'objectif de cette rentrée 2020 est d'accueillir tous les élèves dans un cadre serein, propice aux apprentissages et à la reprise de la vie collective. En ce début d'année scolaire, les priorités sont d'évaluer les élèves afin de mieux les accompagner et de consolider leurs apprentissages. Une réponse personnalisée leur sera apportée afin qu'ils retrouvent le chemin de la réussite", assure-t-on du côté du ministère de l’Education. "On nous donne des injonctions de la part de notre administration et même plus haut et dans la réalité, c’est souvent le contraire qu’il se passe. Donc nous on en peut plus", martèle quant à elle Laurence Fouilloux-Butard, professeure de physique-chimie.Selon les enseignants, aucune heure d’accompagnement personnalisé ou d’aide aux élèves n’a été prévue. De même, toujours d'après le corps enseignant, en classe de première, il manque des dédoublements ou des groupes de travaux pratiques "pourtant indispensables au travail et à la réussite des élèves". Contacté, le rectorat nous a assuré qu’il "procédait au comptage des élèves aujourd’hui".
En outre, l’équipe enseignante déplore ne pas être au complet. "Un CPE manquant sur les cinq postes, des professeurs manquants : deux en éco-Gestion, un en SES et un en génie chimique", précisent les professeurs.
Le lycée de la mixité
L’établissement scolaire grenoblois, situé dans un quartier populaire de la ville, dit avoir pour cheval de bataille la réussite pour tous. Depuis plusieurs années, l’équipe pédagogique et la direction agissent en faveur de la diversité, en créant notamment des sections internationales pour attirer des élèves hors secteur.Ils ont atteint l’an dernier 50 % de mixité et intègrent progressivement des élèves primo-arrivants dans des classes traditionnelles. Chose difficilement envisageable dans des classes en sureffectif. "Si on a des classes à 37, on ne va pas pouvoir rajouter ces élèves-là qui sont forcément en difficulté scolaire donc qui nécessitent parfois une attention particulière", s’inquiète Isabel Puig, professeur d'espagnol et d'anglais. Pour Cécile Fasoli-Henry, représentant FCPE, ne plus avoir cette possibilité d’accueillir les élèves dans des classes à petits effectifs, serait "un vrai recul" pour le lycée Argouges.
Malgré la colère, les professeurs assurent l’accueil des élèves comme prévu. A ce jour, il n’est pas question de faire grève. "Cette rentrée était attendue avec impatience après plus de 5 mois d’absence des élèves au lycée", déclarent-ils.
Les projets du lycée Argouges
Le lycée Argouges est aussi connu pour ses nombreux projets. Depuis 13 ans, les élèves de BTS des métiers de la mode et du vêtement participent notamment à La Fabrique Opéra, un opéra coopératif qui a pour objectif d’intégrer des jeunes lycéens, apprentis, étudiants, etc. et de les faire travailler sous la direction d’une équipe artistique.De même, les élèves qui le souhaitent peuvent se préparer au concours d’éloquence Eloquentia Junior, un concours au cours duquel plusieurs établissements de l'académie de Grenoble s'affrontent. En juin dernier, la finale a d'ailleurs été remportée par Manon Semirat, une élève du lycée Argouges.